Malgré les arguments des dirigeants tunisiens, la signature lundi à Bruxelles du statut privilégié de la Tunisie avec l'Union Européenne (UE) a suscité une polémique sur la scène politique et socio-économique du pays partant d'une manifestation populaire pacifique jusqu'aux critiques émanant de politiciens et économistes.
Après ce statut privilégié avec l'UE, la Tunisie bénéficiera d'un don d'une valeur de 68 millions d'euros, d'autant plus que l' Europe a octroyé à la Tunisie un autre don de 120 millions de dinars (environ 60 millions d'euros) en marge de la 9e session du Conseil d'association Tunisie-UE, information confirmée par l' agence de presse tunisienne.
L'accord politique signé entre la Tunisie et l'UE sur un partenariat privilégié "est doté d'un nouveau plan d'action qui offre une feuille de route ambitieuse qui traduit la volonté tunisienne de développer les réformes dans tous les domaines", a déclaré mardi à la presse la directrice de la collaboration euro- méditerranéenne du ministère tunisien de l'Investissement et de la Coopération internationale Mme Kalthoum Hamzaoui.
Selon elle, le statut privilégié de la Tunisie avec l'UE " facilitera la mobilité et le déplacement des Tunisiens et surtout ouvrira les portes de l'immigration étudiée aux Tunisiens", notamment au niveau de l'attribution des visas aux étudiants et aux fournisseurs de services qui impliquent les médecins, ingénieurs, informaticiens (..).
Après des négociations démarrées depuis 2008, ce statut favorisera à certaines filières tunisiennes l'accès au marché européen tout comme l'agriculture, les normes, les réglementations ainsi que le programme de mise à niveau, toujours selon l'experte tunisiennes dans les affaires européennes Mme Hamzaoui.
Malgré l'importance des bénéfices qui en découleront, le statut privilégié de la Tunisie avec l'UE a été critiqué par une tranche de la classe politique tunisienne et d'anciens responsables économiques tunisiens.
L'ex-ministre tunisien des Finances M. Houcine Dimassi a déclaré à la presse que l'octroi de ce statut à la Tunisie pourrait avoir des répercussions positives, "mais il faut traiter cette affaires avec vigilance".
Selon M. Dimassi, "la Tunisie ne pourrait aucunement concurrencer les pays européens dans les secteurs agricole et des services d'où la Tunisie devra accepter par étape les différentes dispositions de la convention avec l'UE".
D'un autre côté, le coordinateur général du Mouvement unifié des nationalistes démocrates (parti de l'opposition) Chokri Belaïd a prévenu que le statut privilégié avec l'UE "renforce la dépendance économique et nuira à l'indépendance de l'économie nationale tunisienne".
M. Belaïd est même allé dire que "l'actuel gouvernement provisoire n'est pas habilité à conclure ce genre de convention internationale qui menace la situation sociale et économique du pays".