L'avancée des déserts et la dégradation des terres sur la planète représentent une menace mondiale pour tous les peuples de la planète, pour les plus pauvres en particulier, a déclaré le chef de l'organisme onusien sur la lutte contre la désertification ici à Windhoek jeudi.
Monique Barbut s'est exprimée à ce propos devant les journalistes en marge de la 11ème session de la Conférence des parties de la Convention de l'ONU sur la lutte contre la désertification (UNCCD).
Alors que l'UNCCD est une des trois conventions de Rio, les deux autres se concentrant sur la biodiversité et le changement climatique, une attention toute particulière est accordée au climat, a-t-elle expliqué.
L'UNCCD est censée être une convention n'affectant que les zones de désertification, alors que les conventions sur la biodiversité et le changement climatique sont considérées comme mondiales par nature, a poursuivi Mme Barbut.
"Je pense que c'est une erreur de la considérer de la sorte", a- t-elle répliqué, ajoutant : "Je pense que c'est (l'UNCCD) une convention très globale".
L'UNCCD entretient des liens très étroits avec les questions relatives à la sécurité alimentaire, le respect humain, la migration, la paix et la sécurité, a-t-elle souligné. Etablie en 1994, l'UNCCD est le seul accord international juridiquement contraignant liant environnement et développement à la gestion durable des terres.
La convention porte sur les régions arides, semi-arides et sous- humides, également connues sous le nom de terres sèches, où on peut trouver certains des écosystèmes et populations les plus vulnérables.
Mme Barbut, citoyenne française, a été nommée par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, à la tête de l'UNCCD pour remplacer le Béninois Luc Gnacadja.
Mme Barbut a ajouté pendant les discussions à la conférence des parties que ces dernières portaient trop leur attention sur les sciences et stratégies, et non sur les meilleurs programmes qui contribuent à réduire les problèmes de la dégradation des terres et donnent en même temps les meilleurs revenus aux gens les plus pauvres de cette plante.
5% de la science qui est déjà disponible sera suffisant pour commencer à travailler sur de bons programmes, a-t-elle affirmé.
"Donc, il ne faut pas attendre 100% avant de commencer, mais nous pouvons déjà atteindre une certaine forme de programmes concrets" pouvant bénéficier aux pauvres.
L'ONU a déclaré que la superficie des terres qui est déjà dégradée ou en dégradation a augmenté de 15% du total en 1991 à 24% en 2008, avec plus de 20% de toutes les terres cultivées, 30% des forêts naturelles, et 25% des prairies subissent un certain degré de dégradation.
Chaque année, environ 24 milliards de tonnes de sols fertiles sont perdus à cause de l'érosion dans les terres cultivées du monde.
Selon une estimation de 2008, 1,5 milliard de personnes dans le monde sont touchées directement par la désertification, la dégradation des terres et la sécheresse, avec des femmes et des enfants parmi les personnes les plus gravement touchées.
Le monde est en train de perdre jusqu'à 5% du produit intérieur brut agricole (PIB) en raison de la dégradation des terres, ce qui coûte quelque 490 milliards de dollars américains par an.
L'ONU prévoit que d'ici 2030, la demande de produits alimentaires, de l'énergie et de l'eau va augmenter d'au moins 50%, 45% et 30% respectivement.
En 2050, une augmentation d'environ 60% de la productivité agricole, y compris une participation de 100% dans les pays en développement, sera nécessaire pour vaincre la faim et l'insécurité alimentaire.
Ces besoins ne seront pas satisfaits de manière durable, et il est probable que les taux de pauvreté augmenteraient et la sécurité alimentaire devrait diminuer dans de nombreux pays, entraînant même la famine et la famine généralisée, si le rythme actuel de dégradation des terres se poursuit, a averti l'ONU.