L'affaire d'escroquerie internationale portant sur 48 millions de dollars impliquant l'ex- Pdg du groupe Elf Loïk Le Floch-Prigent et l'ancien ministre togolais Pascal Bodjona pourra connaître de nouveaux rebondissements avec l'arrivée de nouveau à Lomé de la victime, l'homme d'affaires émirati Abass Al Youssef, a appris lundi l'agence Xinhua de sources proches du dossier.
Abass Al Youssef séjourne depuis quelques jours déjà dans la capitale togolaise d'où il était parti précipitamment presqu'un mois auparavant, pendant que les présumés coupables de cette escroquerie n'avaient pas offert assez d'ouverture pour une confrontation de toutes les personnes concernées par l'affaire.
Les avocats de Pascal Bodjona, ancien ministre et une personnalité influente du régime en place, ont dénoncé le cours de la procédure lui relevant des « vices » et une politisation du dossier.
Ils ont demandé le respect des droits du présumé, du fait qu'il était gardé à la gendarmerie plus que prévu, avant que la confrontation ne soit envisageable.
Au même moment, une mise en liberté provisoire a été refusée à un autre togolais, Bertin Sow Agba, homme d'affaires, interpellé et détenu depuis 2011 dans cette affaire comme une pièce importante.
Ceci, alors que M. Agba qui s'était dit malade avait déposé une caution de 150 millions de francs Cfa sans jamais obtenir la mise en liberté sollicitée pour des soins.
Des sources très proches du dossier ont expliqué que c'était une « farce » et que le sieur Agba avait simplement tenté de tromper la vigilance des autorités par cette question de maladie pour s'évader.
En fait Pascal Bodjona, ancien ministre de l'Administration territoriale et ambassadeur du Togo aux Etats-Unis, a été interpellé le 1er septembre puis placé sous mandat de dépôt le 12 septembre.
Selon son conseil d'avocats, se justifiant, explique que M. Bodjona a été d'abord entendu comme témoin avant d'être inculpé.
Ils parlent de « graves vices » et relèvent également l'absence d'indices « graves et concordants » de culpabilité pour amener à ce que leur client soit inculpé et gardé depuis le 12 septembre au camp de la gendarmerie.
Bertin Sow Agba aurait agi dans cette arnaque en intelligence avec l'ex-Pdg de Elf, Loïk Le Floch-Prigent, présenté comme le cerveau de cette escroquerie ayant coûté 48 millions de dollars à l'Emirati.
Le Floch-Prigent fut interpellé le 14 septembre à Abidjan en Côte d'Ivoire et extradé le lendemain à Lomé où il est gardé dans un camp de la gendarmerie avec des auditions qui s'étaient accélérées à la Justice au cours du mois.
Ses avocats l'ont dit souffrant et demandé en octobre sa mise en liberté provisoire pour des soins, une opération chirurgicale, en France.
Sans ouvertement s'y opposer, la Justice togolaise lui réclame une caution de 9 millions de dollars que le conseil avait mal accueillie.
Presqu'au niveau des présumés auteurs de l'escroquerie des préalables étaient posées, en terme de respect de leurs droits. De ce fait, ce qui a été annoncé comme « grande confrontation » de tous les acteurs avait échoué. Abass Al Youssef a quitté, dans la précipitation, la capitale togolaise, laissant courir dans la presse locale la rumeur de sa crainte d'être interpelé suivant un mandant d'arrêt international émis contre lui par un Etat voisin du Togo.
Alors qu'il est revenu depuis quelques jours, la presse locale fait état de ce que Al Youssef aurait eu la garantie de ne pas être inquiété et qu'une parodie de procès est en préparation pour « simplement coincer » l'ancien ministre Pascal Bodjona.
Des sources judiciaires, la confrontation de Abass Al Youssef avec les trois présumés auteurs de l'escroquerie est inévitable.
Elles soulignent que tout avance progressivement pour un aboutissement prochain de cette affaire, que chaque acteur sera fixé sur sa responsabilité et que la vérité sera au grand jour.