Havre de paix dans cette partie du monde marquée par la guerre, les déplacements et la famine, Djibouti, le plus petit Etat de la Corne d'Afrique, accueille plus de 25.000 réfugiés officiels.
Depuis plus de deux décennies, le gouvernement djiboutien et les Nations Unies ont uni leur effort dans l'amélioration des normes de protection et des conditions de vie dans les camps de réfugiés, notamment par la voie de l'Office national d'assistance aux réfugiés et sinistrés (ONARS), structure du ministère de l' Intérieur djiboutien, qui demeure le fer de lance de tous les programmes.
Les actions menées consistent à faciliter l'admission sur le territoire, à assurer la délivrance de papiers d'identité aux réfugiés, l'administration du camp, la sécurité, les services de base en matière de santé nutrition, eau et assainissement, éducation et services communautaires.
A Djibouti, le premier camp de réfugiés a ouvert ses portes en 1990. Situé au sud-est du pays, près de la région frontalière montagneuse avec l'Ethiopie et la Somaliland, le camp d'Ali-Addeh accueille à lui seul quelque 20.000 réfugiés, dont 70% sont des femmes et des enfants, et pour la plupart originaire de la Somalie.
Selon l'administrateur du camp, 120 à 130 réfugiés arrivent chaque semaine. Ces nouvelles arrivées exercent une pression importante sur la collectivité hôte qui a été gravement touchée par la sécheresse actuelle.
En raison de la malnutrition, de l'insuffisance d'eau et des possibilités limitées de subsistance, la collectivité hôte se retrouve dans une situation particulièrement précaire.
"Cette réalité alarmante a poussé le gouvernement djiboutien et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) à rouvrir le camp de réfugiés de Holl-Holl, qui avait été fermé en 2006 après le rapatriement volontaire massif des réfugiés somaliens", a déclaré l'administrateur du camp.
Depuis, les agences du systèmes des Nations Unies en poste à Djibouti ont procédé à la réhabilitation complète du site en rénovant l'entrepôt destiné au stockage des vivres, en réparant le forage et en renforçant le réseau de fourniture d'eau potable.
Il a été également construit sur le site un centre de santé, une école primaire, des latrines communautaires ainsi que de nouveaux bureaux.
Sans aucun doute, l'ouverture du camp de Holl-Holl a permis de désengorger progressivement le camp d'Ali Addeh, du fait des disponibilités dans la nappe phréatique. Le montant total des dépenses effectuées lors des opérations des rénovations s'élève à environ deux millions de dollars américains.
Situé à une cinquantaine de km de la capitale, le camp de Holl- Holl a accueilli le premier convoi des réfugiés le 4 juin 2012 en présence des fonctionnaires de l'ONARS et du HCR.
Ce premier groupe a été composé de 180 familles, soit 927 personnes qui ont été transférées dans des bus. Le camp de réfugiés de Holl-Holl reçoit également des nouveaux arrivants fuyant les affrontements armés en Somalie.
Même si avec la sécheresse, les ressources en eau ont diminué, la construction de nouveaux puits et réservoirs a permis d' augmenter de façon substantielle la quantité d'eau servie aux réfugiés, passant de 13 litres par jour par réfugié en 2011, à plus de 16 litres en 2012.
Cette année a également connu d'importantes améliorations au niveau des services offerts aux réfugiés. Selon la dernière enquête nutritionnelle, une légère amélioration du taux général de malnutrition a été observée. Et la situation épidémiologique est restée sous contrôle.
D'autre part, la situation des réfugiés vivant à Djibouti reste marquée par l'existence d'un nombre important de réfugiés de longue durée. Parmi eux figurent les cas résiduels restés au camp d'Ali Addeh après les derniers rapatriements volontaires.
On estime à plus de 3.000 le nombre de réfugiés concernés. Les conditions d'intégration locale restent encore difficiles.
Même si la loi djiboutienne permet aux réfugiés de travailler sur le territoire national, le taux élevé du chômage et la crise alimentaire au niveau de la population locale ne favorisent pas leur l'intégration.
Dans la gestion de cette réalité, il a été également préconisé, comme solution durable, la réinstallation dans un pays tiers. Selon les autorités locales et les responsables onusiens, depuis près de trois ans, près d'un millier de dossiers sont soumis à la réinstallation aux Etats-Unis, en Suède, au Canada, ou dans divers autres pays. En 2011, 177 réfugiés sont effectivement partis en réinstallation.
Toutefois, il est difficile de faire bénéficier ce programme à tous les réfugiés compte tenu du nombre limité des places offertes par les pays de réinstallation.
Djibouti est aussi un point d'entrée depuis la Corne de l'Afrique vers le Moyen-Orient et devient de plus en plus un pays d'origine et de transit pour les mouvements à travers le Golfe d'Aden et au-delà.
L'an dernier, selon l'Organisation internationale des Migrants (OIM), plus de 30.000 personnes sont montés à bord d'embarcations de passeurs à Obock, ville sur la côte septentrionale du golfe de Tadjourah.
Un centre, situé à l'extérieur d'Obock, vise à fournir une aide humanitaire directe et des services de renvoi aux migrants, aux réfugiés et aux demandeurs d'asile.