La recrudescence du grand banditisme est aujourd'hui sur toutes les lèvres dans la capitale guinéenne, où les citoyens sont encore sous le choc, après l'assassinat de la directrice nationale du Trésor Mme Aissatou Boiro, tuée dans la soirée du vendredi dernier dans un quartier de la banlieue de Conakry.
Le gouvernement guinéen conscient sans doute de la psychose provoquée par cette montée de l'insécurité, promet de recourir à des mesures coercitives pour éradiquer le phénomène du grand banditisme.
L'assassinat de la directrice nationale du Trésor considérée désormais comme un symbole de la lutte anticorruption a l'air d'avoir provoqué un sursaut chez les autorités guinéennes. Car le président Alpha Condé a promis que "justice sera faite" et que " les responsables de cet acte inhumain et lâche seront traduits en justice", selon un communiqué officiel publié dimanche.
Alpha Condé qui revenait du sommet d'Abuja, qui s'est tenu dimanche autour du déploiement d'une force de reconquête du nord Mali, a été "profondément choqué" par l'assassinat brutal de la directrice, d'après ce communiqué.
En effet, Aissatou Boiro a été froidement abattue alors qu'elle rentrait chez elle après une journée de dur labeur.
La même soirée à quelques minutes d'intervalle, un cadre d'une société informatique de la place a été tué par des hommes en uniforme, à environ 200 mètres du lieu d'agression de Mme Aissatou Boiro. Paul Cole dont il s'agit a été dépossédé de son véhicule et son épouse qui fut aussi blessée durant cette attaque, se trouverait dans le coma, selon des sources policières contactées par un reporter de Xinhua.
Depuis, les forces de sécurité ont été mises en branle pour tenter de retrouver les auteurs de ces crimes.
Il faut rappeler que la veille de son voyage pour la capitale nigérienne, le président avait donné des instructions à son gouvernement pour l'adoption de "mesures idoines" destinées à mieux qualifier les forces de sécurité en vue "d'améliorer progressivement les conditions d'exercice de leur mission" dans la lutte contre le grand banditisme.
Cette réaction du président faisait suite à la recrudescence de la criminalité dans la cité, avec les attaques contre les domiciles privés et les commerces des habitants. Sans oublier le vol de voitures devenu aussi légion dans cette capitale de près de 2 millions d'habitants.
A l'allure où vont les choses, des mesures coercitives s'imposent pour combattre le grand banditisme.
Cette thérapie de choc que le gouvernement n'a pas encore dévoilée pourrait porter sur le renforcement des capacités des forces de sécurité, ainsi que la dotation des différentes brigades de police et de gendarmerie en matériels logistiques, dont des engins roulants qui faciliteront la mobilité des agents des services de sécurité.
Le défi sécuritaire figure désormais parmi les priorités du gouvernement guinéen qui doit rassurer les citoyens à travers des actes concrets. Le ministre guinéen des Droits de l'homme et des Libertés publiques Kalifa Gassama Diaby a indiqué ce lundi à la presse que le gouvernement agira avec "sérénité", et que l'insécurité sera combattue avec les moyens légaux.
En clair, les autorités guinéennes en plus du renforcement de la capacité des forces de sécurité, pourraient revoir la gestion des affaires liées aux crimes et autres délits au niveau de l'appareil judiciaire. Car, des soupçons de corruption pèsent sur certaines autorités à ce niveau, avec la clémence dont bénéficieraient souvent certains récidivistes, pourtant condamnés à des peines de prison.