Le président nigérien, Mahamadou Issoufou, a appelé à "écouter davantage les Africains" au sujet des conflits touchant leur continent, comme c'est actuellement le cas au nord du Mali, dans une interview publiée lundi par le journal français Le Figaro.
"Il faut écouter davantage les Africains quand il s'agit d' apporter des solutions aux crises en Afrique", a estimé le chef d' Etat nigérien, considérant que l'OTAN n'avait pas assez prêté attention aux attentes africaines lors de son intervention en Libye en mars 2011.
M. Issoufou a néanmoins souligné que la communauté internationale faisait "pour le Mali" un effort d'écoute à l'égard des Etats africains, en préparation d'une intervention militaire. "Je crois que la leçon de la Libye a été apprise", a-t-il ajouté.
"J'avais prévenu au sommet de Deauville (réunion du G8 auquel il a participé en mai 2011) qu'il faudrait tenir compte des conséquences de l'intervention en Libye où la situation n'est toujours pas stabilisée", a indiqué le dirigeant africain, pour qui "la situation au Mali est une conséquence de la crise libyenne ".
M. Issoufou, qui doit se rendre en visite officielle mardi à Paris pour s'entretenir avec son homologue français François Hollande, s'est par ailleurs félicité de l'implication de la France dans la résolution de la crise malienne.
"Les Africains ont dépassé ce stade (de rejet de la France en raison de son passé colonial dans la région). Au Niger, nous nous félicitons de la fermeté de la France sur le dossier malien", a-t- il déclaré.
Quant à l'opération militaire au nord du Mali, dont "le concept stratégique" vient d'être adopté par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), elle doit être déclenchée "le plus rapidement possible". "Le plus vite sera le mieux", a insisté le président nigérien.
Le plan d'intervention militaire a été approuvé dimanche, à Abouja, au Nigéria par les dirigeants des quinze Etats membres de la Cédéao ainsi que de quelques autres pays africains.
Le texte, qui doit être transmis à l'Union africaine avant d' être soumis au Conseil de sécurité de l'ONU, prévoit l'envoi de "3. 300 soldats pour une durée d'un an" au nord du Mali, région contrôlée par des milices islamistes en lien avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), afin de reconquérir ce territoire et de restaurer l'intégrité du pays.