Dans la nuit de dimanche à lundi, les forces franco-maliennes ont repris sans combattre, la ville de Tombouctou, située dans le Nord du Mali, sans hélas avoir pu empêcher l'incendie d'une bibliothèque abritant de précieux manuscrits par les islamistes en fuite.
La ville mythique de Tombouctou, située dans la boucle du fleuve Niger, était tombée l'an dernier aux mains de rebelles islamistes qui y avaient détruit des mausolées religieux. Les forces franco-maliennes ont donc reconquis cette cité, classée au patrimoine mondial de l'Unesco, en 48 heures sans rencontrer de résistance.
Selon le porte-parole de l'état-major des armées françaises, c’est un bataillon renforcé arrivant de Diabali et Léré qui s'est emparé de l'aéroport, en coordination avec les forces maliennes.
Dans le même temps, des militaires français ont été parachutés sur les arrières des forces djihadistes pour les empêcher de fuir vers le nord, avec l'appui d'hélicoptères.
Un millier de militaires français ont participé à l'opération, ainsi que 200 Maliens, dont une cinquantaine de policiers et gendarmes, a-t-il précisé.
Le choix de contrôler les accès de la ville sans engager de combat à l'intérieur avait notamment pour objectif de préserver le patrimoine historique et religieux. Mais selon le porte-parole de l'état-major des armées françaises, il se pourrait que des djihadistes soient encore retranchés dans Tombouctou.
Malgré ces efforts, il y a tout de même eu des saccages plusieurs jours avant. Avant de fuir, les miliciens islamistes ont notamment incendié une bibliothèque contenant des milliers de manuscrits inestimables.
Au 18e jour de l'opération « Serval », déclenchée pour arrêter l'avancée des islamistes armés en direction de Bamako, après la reconquête de Gao, c'est aujourd’hui toute la boucle du Niger qui est repassée sous contrôle des forces françaises et africaines.
« Les choses se passent comme prévu et ce qui est important c'est que le Mali, petit à petit, est libéré », a d’ailleurs dit lundi le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius.
Laurent Fabius a cependant reconnu que les djihadistes pratiquaient une « stratégie d'évitement » et que certains d'entre eux pouvaient remonter vers le Nord, ajoutant au passage que l’armée française ne voulait pas s’enliser.
La France compte actuellement 2 900 soldats engagés au Mali et les contingents africains de la mission d'aide au Mali, la Misma, et du Tchad, totalisaient eux dimanche plus de 2 700 militaires.
Plus à l'Est, cependant, les combattants touaregs du Mouvement National de Libération de l'Azawad (MNLA) ont annoncé qu'ils contrôlaient Kidal, dernière ville du Nord-Mali avant la frontière avec l'Algérie, que leurs anciens alliés islamistes ont désertée.
Le chef militaire du MNLA, Mohamed Ag Najim a précisé que les islamistes, dont Kidal était le dernier bastion après la chute de Gao et de Tombouctou, sont partis de la ville.
Le représentant du MNLA en Europe, Moussa Ag Assarid, a toutefois souligné que le mouvement était « en état de belligérance » avec l'armée malienne.
Selon lui, son mouvement ne demande pas le départ de l'armée française, et il l’approuve même quand elle lance des frappes ciblées. Il s’oppose cependant au fait que l’armée française ramène l'armée malienne sur ce qu’il considère comme son territoire, où l’armée malienne aurait commis des exactions. Il a ajouté que le MNLA était prêt à discuter avec le gouvernement malien « sur la base de l'autodétermination » mais « avec la garantie de la communauté internationale ».
Le MNLA, à l’inverse des groupes islamiques qui ont été chassés de Gao et Tombouctou, se dit d'obédience laïque et se battre pour l'autodétermination et l'indépendance du Nord-Mali, qu'il appelle Azawad.