Les tensions qui ont éclaté de nouveau à la frontière commune entre le Soudan et le Soudan du Sud pourraient conduire à la destruction des accords fragiles signés entre les deux pays voisins, selon les observateurs.
Lors d'une vague récente d'accusations échangées entre les deux pays, l'armée du Soudan du Sud a accusé Khartoum d'avoir bombardé des zones frontalières dans l'Etat du Nil Supérieur au Soudan du Sud, alors que Khartoum a accusé Juba d'avoir mobilisé ses forces à la frontière avant d'envahir les zones frontalières soudanaises.
L'armée soudanaise a attaqué une zone frontière dans l'Etat du Nil Supérieur, qui a entrainé la mort d'un soldat de l'Armée de libération du peuple soudanais (SPLA), a annoncé aux journalistes à Juba Philip Aguer, porte-parole de l'Armée sud-soudanaise.
Il a ajouté que l'armée soudanaise avait lancé une attaque aérienne sur Babaniss, dans l'Etat du Nil Supérieur, réitérant que trois soldats des SPLA avaient été blessés et un tué dans l'attaque.
Cependant, l'armée soudanaise a nié avoir attaqué le Soudan du Sud.
"Nous n'avons bombardé aucune zone dans les territoires du Soudan du Sud et n'y avons mené aucune opération militaire", a rapporté le média local soudanais lundi, citant le porte-parole de l'armée, Al-Sawarmy Khalid Saad. Par ailleurs, les autorités locales dans l'Etat soudanais du Kordofan Sud ont déclaré que le Soudan du Sud avait envoyé beaucoup de soldats dans la zone.
Les observateurs craignent que les tensions croissantes à la frontière commune ne mènent à la destruction de l'accord de coopération signé par les deux pays en septembre dernier sous le parrainage de l'Union africaine (UA) et ne ramènent les deux pays au bord de la guerre.
"Si les querelles actuelles entre le Soudan et le Soudan du Sud se poursuivent, elles pourraient conduire à une nouvelle guerre entre les deux pays", a déclaré le général Mohamed Al-Abbas al- Amin, expert militaire soudanais et maître de conférence des études stratégiques à l'université Al-Zaeem Al-Azhary à Khartoum, à l'agence Xinhua.
"Il n'est pas exclu que cette querelle ne développe et ne pousse une des parties à l'escalader et à déboucher en fin de compte sur une confrontation militaire", a déclaré M. Al-Amin, attribuant les tensions frontalières à leur échec à délimiter leur frontière commune.
"Les négociateurs soudanais ont commis une grosse erreur en ne se mettant pas d'accord d'abord sur la démarcation frontalière assurant le retrait de l'armée du Soudan du Sud. Cette erreur a permis à Juba d'obtenir des cartes à utiliser contre Khartoum", a- t-il souligné.
Pour sa part, l'analyste politique soudanais Abdallah Adam Khatir a affirmé que les accusations échangées risquent de paralyser les efforts de l'UA.
"La guerre des mots est susceptible d'affecter directement les efforts déployés par les deux pays pour parvenir à un accord et risque de paralyser les efforts de la médiation africaine", a déclaré M. Khatir à Xinhua.
En septembre 2012, le Soudan et le Soudan du Sud ont signé une série d'accords sur diverses questions en suspens lors d'un sommet présidentiel dans la capitale de l'Ethiopie. Ils ont signé trois accords sur des questions de coopération, de sécurité et de post- sécession.
Néanmoins, les accords signés n'abordent pas ni les questions d'Abyei ni la démarcation des frontières.
Les cinq zones frontalières contestées, en particulier, constituent les principaux obstacles sur la voie du règlement des questions en suspens et la résolution de la question de la démarcation des frontières entre les deux pays.
Les cinq zones contestées, en plus d'Abyei, comprennent les zones de Dabat Al-Fakhar, Jabel Al-Miqainis, Samha, et keffiers Kanji.
Depuis la signature de l'accord, les deux parties n'ont pas réussi à s'entendre sur plusieurs questions, qui comprennent également le déploiement des troupes sur leur frontière commune et la suppression du lien entre l'armée du Soudan du Sud et les groupes armés qui lutte contre le gouvernement soudanais.