Le report "sine die" des élections législatives guinéennes, prévue le 12 mai prochain par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), pourrait donner une forte chance aux acteurs politiques guinéens de trouver un consensus devant aboutir à une sortie de crise. C'est là un avis partagé par bien des gens, y compris dans les rangs des acteurs politiques.
Comme Jean-Marie Doré, ancien Premier ministre et leader de l' Union pour le progrès de la Guinée (UPG), qui, lors de la réunion avec le président Alpha Condé lundi dernier au palais Sékouthouréa, avait attiré l'attention sur l'inopportunité de la validation de cette date par le chef de l'Etat.
Cette date n'a finalement pas été entérinée le 3 mars, marquant la date butoir du délai de convocation des électeurs aux urnes, 70 jours avant la date du vote.
Des commentaires autour de ce report vont train dans la cité. Et sur les antennes de certaines radios locales, des analystes y voient un camouflet infligé à "l'aile dure" de la mouvance présidentielle, qui selon ces confrères voulaient amener le président Alpha Condé à prendre ce décret, afin de valider la date du 12 mai.
Dans l'ensemble, les commentaires y voient plutôt une sage décision censée donner une chance à la concertation entre la classe politique.
C'est d'ailleurs ce jeudi qu'est prévue la tenue de la première réunion du cadre de concertation mis en place mardi dernier par le gouvernement, sous la supervision du Premier ministre Mohamed Said Fofana.
Le Premier ministre a en effet reçu mandat du chef de l'Etat guinéen pour conduire les travaux de ce dialogue.
Mohamed Said Fofana a tenu à rassurer les acteurs politiques sur la volonté de son gouvernement et de son mandant à ne ménager aucun effort pour décrisper le climat politique.
Dans un communiqué relatif à la création de ce cadre de concertation et publié à cet effet, le Premier ministre guinéen " rassure toutes les parties concernées et leur garantit que tout sera mis en place et en oeuvre pour que ce cadre soit le plus adéquat possible pour un dialogue et une discussion sereine et utile dans l'intérêt de la compréhension mutuelle, de la paix et de la finalisation de la transition par l'organisation des élections libres et transparentes pour que naisse et vive une Guinée unie, égalitaire, juste et démocratique".
L'initiative est venue du président de la République lors de sa réunion lundi dernier avec les acteurs politiques. Une démarche qui doit en principe marquer la relance du dialogue national.
Le président Alpha Condé a lors de cette réunion réitéré son engagement à faire de la Guinée un État démocratique, en organisant des élections justes et transparentes.
S'adressant à l'auditoire, il a déclaré à cette occasion saluer "le premier pas positif".
Toutes les sensibilités politiques ont pris part à la rencontre. La mise en oeuvre d'un dialogue responsable et sincère entre toutes les composantes politiques est indispensable pour que notre Nation retrouve sa quiétude et puisse relancer le processus qui permettra aux Guinéens d'avoir une Assemblée nationale élue démocratiquement".
Puis de souhaiter que: "Les composantes politiques saisissent ce dialogue pour surmonter les divergences et relancer de façon constructive et apaisée le processus qui doit conduire à la tenue d'élections législatives libres, régulières et transparentes, et permettre de finaliser la transition".
Si l'opposition souhaitait avant cette rencontre une médiation internationale, n'empêche qu'elle salue l'initiative et entend voir ce que cela va donner comme solution à une sortie de crise.
Dans l'espoir que les recommandations qui seront issues des travaux de cette concertation ne deviennent pas "lettre morte", comme ceux du conclave qui s'était tenu du 27 décembre 2011 au 22 février 2012 au palais du peuple.
Ce cadre de concertation avait été initié il faut le rappeler par la classe politique pour aplanir les divergences entre le pouvoir et l'opposition.
Il s'agissait de recomposer la CENI et de s'accorder autour de la gestion du fichier électoral, entre autre.
Les mêmes problèmes demeurent aujourd'hui, à part la recomposition de la CENI, qui a été opérée l'année dernière.
L'opposition guinéenne réclame maintenant le recrutement d'un nouvel opérateur de gestion de la logistique électoral et le vote des Guinéens de l'étranger. Des revendications que ce nouveau cadre de dialogue sera amené à examiner sans doute.
Il y a lieu d'espérer que les acteurs politiques puissent enfin vider leurs querelles en profitant de cette plate-forme de dialogue, afin de sauver la transition.