Dans une confirmation d'une tentative de coup d'Etat déjouée contre le pouvoir du président Ikililou Dhoinine, le président de l'Assemblée (Parlement) de l' Union des Comores, Hamidou Bourhane, a évoqué dans un entretien à Xinhua lundi à Addis-Abeba d'autres menaces d'instabilité contre ce pays insulaire africain.
Invité du Parlement africain au 21e sommet de l'Union africaine (UA) tenu dans la capitale éthiopienne en commémoration des 50 ans de création le 25 mai 1963 de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), l'ancêtre de l'UA, Bourhane a cependant salué la stabilité économique de son pays reconnue par les institutions internationales, en l'occurrence la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI).
Question : Monsieur le président, est-ce que c'est exact que les Comores viennent d'échapper à un coup d'Etat ?
Réponse : Oui, les Comores viennent d'échapper à l'instabilité. Nous allons oublier pour pouvoir penser à l'avenir. Nous avons une jeunesse qu'il faut regarder, il y a l'avenir du pays, il y a l' emploi, on a les institutions qui sont mises en place, il y a la démocratie qui est en place. Les instabilités ne manqueront jamais, mais les Comores sont prêtes en matière de sécurité. On a un président qui s'affirme.
Q : Pourquoi cette instabilité persistante ?
R : Parce qu'il y a des gens qui jusqu'à maintenant n' acceptent pas qu'ils sont Africains, qu'ils sont des Comoriens, qui ne regardent que leurs propres intérêts. Ils oublient que l' avenir est très important. Dieu merci, on a un gouvernement qui donne espoir.
Q : Il y a un mode de gestion du pouvoir qui a été mis en place qui est celui d'un système de rotation entre les îles pour la présidence. Comment comprendre cette propension au renversement de régimes par coup d'Etat ?
R : Il y a des gens qui sont toujours utilisés, mais pour le moment nous sommes en train de travailler dans ce système de rotation. Dans l'ensemble, les choses vont bien. La sécurité n'est jamais à 100%. C'est pourquoi il y a un gouvernement pour s' occuper de ces délinquants. Les Comores sont membres de l'Union africaine et donc il y a la possibilité de solliciter de l'aide. Je félicite le gouvernement comorien de s'en occuper en premier lieu. Moi j'ai confiance en l'avenir. Nous avons une diaspora qui s'intéresse à son pays et nous avons une religion qui prône la tolérance.
Q : En dépit de ces menaces, le pays jouit d'une stabilité économique. A quoi tient-elle ?
R : C'est d'abord la transparence. Dans un pays, il faut accepter la transparence. On a eu un gouvernement précédent qui a su le comprendre. On a maintenant le nouveau président, le Dr. Ikililou, qui s'emploie à une bonne gestion du pays. C'est ce qui nous vaut la stabilité économique. Nous avons la confiance des institutions internationales. Avec la bonne gouvernance et la démocratie, je pense que les choses iront toujours bien. Il y a aussi le respect de l'opposition. Au Parlement, nous sommes en train de créer deux tendances : l'opposition et la majorité. Tout ça va dans le sens de la stabilité.
Q : Etes-vous satisfait des résultats de la lutte contre la corruption annoncés par le gouvernement ?
R : Nous sommes en phase d'essai, il faut être réaliste. Et l' essai, il y a des hauts et des bas. Pour le moment, il y a un problème de culture. C'est des choses nouvelles chez nous. Mais j' espère qu'avec le temps les gens vont comprendre la nécessité de travailler avec plus d'ardeur et de patriotisme pour pouvoir stabiliser le pays. La corruption, c'est un peu partout dans le monde, il faut beaucoup de temps pour la combattre. Mais les Comores sont conscientes qu'il faut lutter contre la corruption. Je suis parmi les deux premiers (l'autre étant le président Ikililou Dhoinine, NDLR) qui luttent contre cette corruption. Si on laisse une partie des gens s'enrichir sur le dos des autres, le pays ne va pas se développer. Nous n'avons pas intérêt à ne pas réussir. Avec le peu de moyens qu'on a, on peu réussir.
Q : Est-ce que vous confirmez que cette opération a permis d' améliorer les recettes publiques ?
R : Naturellement. Moi je ne suis pas un économiste, mais je crois qu'avec le temps les choses vont aller beaucoup plus. On vient de mettre en place des lois à cet effet.