L'opposition guinéenne vient de décider au terme d'une réunion de crise tenue mercredi d'organiser une journée ville morte lundi prochain, pour marquer sa désapprobation face au verdict prononcé par la Cour suprême, qui n'a fait que reconduire les résultats des législatives fournis par la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
En plus de cette action de désobéissance civile, les opposants entendent saisir les Nations Unies contre la décision de la Cour suprême.
Cette décision de l'opposition vise à protester contre ce qu'elle qualifie de "démission de la Cour suprême face à ses responsabilités".
Le chef de file de l'opposition et ses pairs qui étaient réunis au siège du PEDN (Parti de l'espoir et du développement national) de Lansana Kouyaté dans la banlieue de Conakry, ont pris unanimement la décision de saisir les Nations Unies par un courrier explicatif de la situation relative aux résultats des élections législatifs, qu'ils contestent.
Dans la même foulée, l'opposition compte adresser une correspondance aux autorités du pays, en vue d'appeler celles-ci à "prendre acte" de la fin de la mission du comité de suivi de l'accord du 3 juillet. Accord qui avait permis aux parties prenantes de taire leurs querelles pour participer au scrutin législatif.
Pour le moment, l'opposition n'a pas déterminé sa position quant à sa participation ou non à la future Assemblée. Elle a indiqué, au sortir de cette réunion, que les consultations avec sa base autour de cette épineuse question se poursuivaient encore.
A propos du verdict de la Cour suprême, il a été conforme à celui de la CENI, et c'est le parti au pouvoir, le RPG-arc-en-ciel, qui a obtenu la majorité relative avec 53 sièges contre 37 pour l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), le principal parti d'opposition.
Les 12 partis politiques sur les 32 en lice qui avaient porté des réclamations auprès de la Cour suprême, conformément à la loi électorale, ont été déboutés. Tous quasiment réclamaient une annulation partielle ou totale du scrutin, dénonçant des irrégularités.
Le président de la Cour suprême Mamadou Sylla a axé son argumentaire sur le fait qu'aucun des plaignants n'a réussi à apporter "des preuves des faits allégués".
La Cour a plutôt souligné le fait que ces plaintes devaient être traitées en amont par les tribunaux pénaux, ou par la CENI.
Il faut toutefois rappeler que le Comité de Suivi de l'Accord du 3 juillet dans sa 18ème et dernière session tenu le samedi 16 novembre 2013 à Conakry, a déclaré avoir pris acte de la proclamation par la Cour Suprême des résultats définitifs du scrutin du 28 septembre 2013.
Le Comité de suivi a mis l'occasion à profit pour féliciter les acteurs politiques, en particulier pour "avoir opté pour les voies légales de recours dans le traitement du contentieux".
Invitant les partis de la Mouvance présidentielle et ceux de l'opposition ainsi que les institutions nationales concernées, la classe politique et la société civile de Guinée à continuer "à privilégier la voie du dialogue". Ceci dans la perspective de la préparation et de l'organisation des prochaines échéances électorales.
Cette réaction de l'opposition qui annonce une journée ville morte et le recours aux Nations Unies est perçue par maints observateurs comme un désaveu du Comité de suivi.
A noter que la mouvance présidentielle a salué la décision de la Cour suprême, tout en invitant l'opposition à siéger au sein de la future Assemblée.