L'agissement des forces de l'ordre en affrontant les étudiants de l'université de Majunga, dans l'ouest de la Grande Ile, en grève vendredi dernier est fortement critiqué par les observateurs.
Quelques 500 étudiants de l'Université de Majunga ont contesté la décision prise la semaine dernière par le conseil de disciplines de l'université d'avoir radié et renvoyé 14 étudiants qui ont mené des grèves en octobre dernier dont les revendications portaient sur l'amélioration du plan social et pédagogique ainsi que le limogeage du président de l'université. Ainsi, les é tudiants ont effectué un meeting vendredi réclamant la réinté gration de leurs camarades en barrant la rue menant vers l' Université. Les forces de l'ordre ont lancé des gaz lacrymogènes pour disperser ces étudiants grévistes.
Selon une déclaration de l'Etat-Major Mixte opérationnel national (EMMONAT) du lundi dernier, ces forces de l'ordre de Majunga étaient à court de gaz lacrymogènes et avaient ordre de tirer dans les jambes s'il le fallait pour empêcher que cette manifestation ne tourne en vindicte populaire.
L'on évoque également le cas de légitime défense en avançant que quelques étudiants possédaient sur eux d'armes blanches. Un gé néral à la retraite, joint au téléphone par Xinhua a précisé qu' avant de tirer, les forces de l'ordre devaient disperser d'abord les manifestants par des jets d'eau à haute pression, puis des bombes lacrymogènes en cas d'augmentation des rebelles, ensuite trois sommations devraient être données par le préfet de police avant d'ouvrir le feu.
Ces étapes n'ont pas été respectées pourtant, s'est désolé ce retraité de l'armée. « S'ils étaient à courts de gaz lacrymogènes, le mieux c'était de se retirer», a précisé ce général.
Le candidat à la présidentielle, Jean Louis Robinson, a é galement condamné « avec la plus grande véhémence les répressions violentes des manifestations d'étudiants à l'université de Majunga ». « Nous condamnons la justification de l'utilisation d'armes à feu avec des tirs à balles réelles donnée par le chef de l'EMMONAT, invoquant l'épuisement du stock des bombes lacrymogènes.
Le recours aux balles réelles constitue un crime de sang , a-t- il précisé. Afin de rétablir la sérénité, la paix civile et le respect de l'Etat de droit, Jean Louis Robinson a exigé la suspension du chef de l'EMMONAT.
De l'autre côté, l'ancien vice-Premier ministre en charge du dé veloppement et de l'aménagement du territoire, et non moins candidat au premier tour de l'élection présidentielle du 25 octobre dernier, Hajo Andrianainarivelo, a également publié, mardi un communiqué condamnant la répression violente perpétrée par les forces de l'ordre contre les étudiants de l'Université de Majunga entrainant la mort d'un étudiant et causé des blessés graves.
« Nous avons des responsables des forces de l'ordre dont la compétence et le professionnalisme sont reconnus. Il est étonnant que des éléments des mêmes forces de l'ordre usent de balles ré elles et tirent dans le dos, contrairement à la déontologie militaire. Prétexter la légitime défense face à des étudiants sans arme à feu relève de l'irresponsabilité », a-t-il communiqué.
Ainsi, Hajo Andrianainarivelo et son parti politique exhorte tous les responsables politiques, forces de l'ordre, à se ressaisir, à conjurer tout relent de division entre Malgache et surtout à respecter scrupuleusement les textes qui régissent l' Université dont l'autonomie et la franchise universitaire constituent un socle.
Notons que plus d'une dizaine d'étudiants ont été blessés par balle vendredi dernier et un autre a succombé à ses blessures aprè s hospitalisation dans la nuit du samedi.
Dimanche dernier, une délégation gouvernementale sur place a dé cidé la suspension des cours à l'Université de Majunga, pendant une période d'un mois, la suspension du président de l'université de ses fonctions ainsi que la réintégration des 14 étudiants renvoyés sur décision du conseil de discipline.