La ville de Tambacounda (est du Sénégal) est secouée par une série de meurtres de malades mentaux, qui a fini d'installer la peur chez les populations, mais aussi la révolte de l'Association sénégalaise pour le Suivi et l'Assistance des Malades mentaux (ASSAMM).
Dans moins de deux mois, neuf malades mentaux ont été assassinés dans cette région frontalière du Mali, de la Guinée et de la Gambie, et aucun de ces meurtres n'a encore été élucidé, rapporte la presse locale.
Les autorités ne sont pas arrivées à arrêter les auteurs ou complices de ces crimes, selon le président de l'ASSAMM), Ansoumana Dione.
S'exprimant devant la presse à Dakar, M. Dione est monté au créneau pour dénoncer le manque de réaction efficace des autorités.
"L'Etat est incapable de mettre la main jusqu'à présent sur les auteurs de ces crimes, ces malfaiteurs. C'est inadmissible dans un Etat de droit", a-t-il déploré.
M. Dione a assuré que son association va dès lundi prochain, déposer une autorisation de marche de protestation contre ces tueries de malades mentaux.
Selon lui, cette marche est destinée en outre à inciter les autorités à prendre vite des mesures idoines.
"On étouffe de rage à Tambacounda. Les meurtres se succèdent dans cette ville, terreau fertile des agresseurs et tueurs de sang froid. Connue pour son calme, la capitale de l'est du pays épouse une réputation de ville criminogène avec une succession de meurtres sordides et même mystiques", a commenté le correspondant dans cette ville du journal privé Le Quotidien.
Au Sénégal, les malades mentaux sont souvent victimes de sacrifice humain, une pratique souvent conseillée par des féticheurs à certaines personnes se trouvant dans une situation " très critique" ou à la recherche d'une fortune.
Selon Taïb Socé, prêcheur musulman interrogé par le journal l' Observateur de Dakar, ces meurtres ne relèvent que de la pure méchanceté qui n'a rien à voir avec l'islam.
"Ceux qui commettent ces actes vont voir des marabouts ou des féticheurs qui leur recommande de faire toute sorte de sacrifice les uns plus inhumains que les autres", a-t-il poursuivi.
Pour sa part, l'imam de la mosquée de Saré Guilèle, un quartier de Tambacounda, Malick Wilane, cité par l'Agence de presse sénégalaise, a, dans son sermon du vendredi, invité les populations, à s'impliquer dans la lutte contre la criminalité dans la commune.
Il a estimé que les forces de sécurité, à elles seules, ne peuvent pas venir à bout de ce phénomène et que ces séries de meurtres constituent "une situation inquiétante qui préoccupe toutes les autorités".
"Il faut que tout le monde s'implique. Le gouvernement, à lui seul, n'y peut rien. Et personne ne viendra résoudre le problème à notre place", a lancé Malick Wilane.
Un représentant de la société civile locale a préconisé pour sa part de rouvrir le centre psychiatrique de la ville laissé à l' abandon, afin d'accueillir les malades mentaux qui errent dans les rues.