Le président ougandais Yoweri Museveni devrait signer aujourd'hui une loi criminalisant l'homosexualité, après avoir sans cesse changé d'avis sur ce projet de loi controversé. Le mois dernier, il avait déclaré qu'il ne signerait pas le texte, décrivant les homosexuels comme des personnes « malades » qui avaient besoin d'aide, pas d'être emprisonnées. Puis il a fait marche arrière ce mois-ci et a dit qu'il allait le signer parce que les scientifiques avaient déterminé qu'il n'y a pas de gène de l'homosexualité et que c'était simplement un comportement anormal. Enfin, la semaine dernière, il a dit qu'il demanderait l'avis de scientifiques américains avant de prendre toute décision.
Les actes homosexuels étaient déjà illégaux en Ouganda. Le projet de loi adopté par le Parlement durcit les sanctions, allant jusqu' à l'emprisonnement à vie pour certains actes. Peu de temps après son annonce, le président américain Barack Obama a averti que l'adoption du projet de loi aurait une incidence sur les relations entre les deux nations. Il a décrit la proposition comme un « affront et une menace pour la communauté gay » en Ouganda. Les États-Unis et la Grande-Bretagne sont parmi les plus grands bailleurs de fonds du pays.
M. Museveni a dit qu'il allait demander des conseils approfondis. Dans une déclaration publiée la semaine dernière, il a déclaré que les scientifiques américains lui ont envoyé des avis indiquant que « l'homosexualité pourrait être congénitale ».
Un député ougandais a proposé pour la première fois le projet de loi en 2009, avec une disposition prévoyant la peine de mort pour certains actes homosexuels. Brièvement mise en veilleuse lorsque la Grande-Bretagne et d'autres pays européens ont menacé de suspendre leur aide à l'Ouganda, elle a été remplacée en décembre dernier par une proposition de prison a vie pour « homosexualité aggravée ». Cela concerne les actes où une personne est infectée par le VIH, les « récidivistes » et les rapports sexuels avec des mineurs. Le projet de loi contient aussi des années de prison pour toute personne qui conseille ou tend la main aux gais et aux lesbiennes. L'homosexualité est illégale dans 38 pays africains, où la plupart des lois sur la sodomie datent de la période coloniale.