La rupture du dialogue pouvoir- opposition depuis plus de deux semaines en Mauritanie a créé un climat fortement marqué par le retour à la crise politique, constatent les analystes.
Ce dialogue était engagé pour tenter de trouver un consensus qui devrait permettre d'organiser en toute sérénité, l'élection présidentielle annoncée pour le 21 juin prochain.
Cette impasse a conduit le Forum national pour la démocratie et l'unité (FNDU) regroupant une dizaine de partis d'opposition, des organisations syndicales de la société civile et de personnalités indépendantes, à brandir une menace, à peine voilée, de boycott de l'élection présidentielle prévue en juin prochain.
Ce forum souligne en effet dans un communiqué rendu public dimanche, ne pas être "concerné par les élections présidentielles découlant de l'agenda en cours" fixé par le pouvoir.
Il constate, selon le communiqué, que le dialogue amorcé ces dernières semaines se trouve dans l'impasse "du fait du refus du pouvoir d'accepter toute mention relative à un calendrier consensuel pour l'application des points d'accord éventuels et du fait aussi de son obstination à poursuivre son agenda électoral unilatéral en cours".
Le FNDU souligne, dans son texte, que les élections présidentielles au 21 juin 2014 ne sont nullement consensuelles et ne sont porteuses "d'aucune réponse satisfaisante à la crise politique que traverse le pays".
Il affirme toutefois sa disponibilité permanente à s'engager dans tout dialogue "crédible fondé sur une volonté partagée de recherche d'une solution de sortie de crise servant les intérêts supérieurs de la Nation".
Après une première rupture, les pôles politiques, y compris celui de la majorité au pouvoir, avaient retrouvé la table des négociations la semaine dernière, mais n'avaient pas réussi à amorcer le dialogue pour régler une crise qui, selon l'opposition, persiste depuis l'élection du président Mohamed Ould Abdel Aziz en 2009 et "reste entière".
Cette crise a été à l'origine du boycott des dernières législatives et municipales par l'opposition radicale, à l' exception du parti Tawassoul des islamistes modérés.
Pour sa part, la majorité au pouvoir semble s'acheminer vers la présidentielle sans tenir compte de la rupture du dialogue et d'un éventuel boycott des élections par le FNDU dont fait partie le Rassemblement des forces démocratiques (RFD) de l'opposant historique Ahmed Ould Daddah.
Déjà, le président mauritanien actuel, Mohamed Ould Abdel Aziz a annoncé sa candidature pour un second mandat et déposé son dossier auprès du Conseil constitutionnel.
Le pouvoir en place à Nouakchott estime avoir fait " suffisamment" de concessions pour amener l'opposition à continuer le dialogue. Il refuse toutefois de mettre sur la table les questions du report des élections et de mise sur pied d'un gouvernement de consensus que réclame l'opposition.