Les autorités ivoiriennes ont mis le cap sur la féminisation des forces armées, avec une intégration de la gent féminine dans les différentes unités.
A l'issue d'un conseil des ministres mercredi, le gouvernement ivoirien a décidé que les filles soient désormais admises à la gendarmerie nationale, une unité d'élite des forces armées ivoiriennes.
"A partir de la rentrée scolaire 2015-2016, la gendarmerie nationale enregistrera l'arrivée des premières filles. Dans un premier temps 10% du quota de personnes à recruter aussi bien pour les officiers que pour les sous-officiers seront réservés aux dames", a expliqué lors d'une conférence de presse le porte-parole du gouvernement, Bruno Nabagné Koné.
Pour le ministre, la Côte d'Ivoire se met aux "standards internationaux en la matière."
Le Président Alassane Ouattara est engagé à oeuvrer pour la politique de la promotion du genre", a-t-il noté.
"Le Chef de l'Etat a souhaite qu'à tous les niveaux aussi bien dans l'administration publique que dans l'armée et même ailleurs dans le secteur privé, qu'il y ait de plus en plus de dames, qu'elles soient représentées en proportion de leur pouvoir et en proportion de leur nombre dans la population", a ajouté Bruno Koné.
Lors d'une table-ronde début mars à Abidjan, des autorités gouvernementales ivoiriennes ont relevé que la féminisation des forces armées constitue un défi à relever.
La ministre ivoirienne de la Solidarité Anne Désirée Ouloto a dressé un tableau peu reluisant concernant la présence féminine dans le secteur des forces de défense et de sécurité.
Selon ses constats, le secteur de la sécurité et de la défense emploie plus d'hommes et de femmes, et le ratio des femmes dans le secteur de la sécurité est très faible, selon des constats.
A l'occasion de la célébration de la Journée internationale de la femme le 8 mars à Grand Bassam (sud d'Abidjan), des leaders féminins qui se sont succédé à la tribune ont aussi dénoncé cet état de fait.
La police a donné le ton de la féminisation où plusieurs femmes sous-officiers, officiers et commissaires de police exercent. Toutefois, taux jugé faible car selon des statistiques officielles, les femmes représentent 12% des effectifs de la police, 1% des effectifs des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI, militaires), 2% des agents des Eaux et forêts.
Pour un officier, la mesure gouvernementale permettra à la gendarmerie nationale qui constituait la lanterne rouge avec 0% de femmes, de se mettre au diapason des autres forces.
"La gendarmerie était accusée d'avoir une attitude réfractaire à l'entrée des femmes dans ses rangs, et cela était perçu comme une entrave à l'évolution du genre. Mais je crois qu'aujourd'hui, tout va rentrer dans l'ordre concernant le genre dans cette unité d'élite", a-t-il souligné.
Lors d'un entretien avec des médias, la ministre de la Solidarité Anne Ouloto a insisté sur la nécessité de donner l'opportunité à la gent féminine de montrer son aptitude à tous les niveaux, estimant que l'amélioration de la condition de la femme est un " processus irréversible auquel personne ne pourra échapper".
Intervenant à la suite de sa collègue de la Solidarité, le ministre de la Défense Paul Koffi Koffi en charge de la gestion des forces de défense s'est réjoui pour sa part des profondes réformes en faveur de la promotion de la femme dans les armées.
Pour celui-ci, le gouvernement a pris des mesures d'envergure en permettant l'accès des jeunes filles dans des structures de formation militaire tels que l'Ecole militaire préparatoire technique (EMPT), l'Ecole nationale des sous-officiers d'active ( ENSOA) et l'Ecole des forces armées (EFA), et maintenant la gendarmerie nationale.
Des femmes officiers de police interrogées jeudi par Xinhua se sont aussi réjouies des mesures gouvernementales qui démontrent selon elles que la féminisation des forces armées est véritablement en marche.
"Il appartient maintenant aux femmes de montrer qu'elles sont à la hauteur. C'est un défi qui leur est lancé. Elles doivent le relever et elles peuvent le relever ", ont-elles conclu.
Lors d'un rassemblement dans le courant du mois de mars, la présidente de la coalition des femmes leaders de Côte d'Ivoire Mariam Dao Gabala a indiqué que "la bataille de l'émergence se gagnera avec l'implication de femmes".
Pour plusieurs autorités et responsables d'organisations féminines, les institutions militaires et civiles doivent désormais s'inscrire dans la dynamique de la féminisation.
Celles-ci se disent ainsi engagées à oeuvrer pour que la valorisation des compétences féminines soit une réalité concrète.