Dernière mise à jour à 08h42 le 23/12
Le président congolais Denis Sassou N'Guesso a annoncé le 22 décembre à Brazzaville l'organisation de l'élection présidentielle au premier trimestre de 2016, mettant une nouvelle fois le pays sur le rail électoral, après un référendum constitutionnel en octobre dernier.
"Le conseil des ministres sera rapidement amené à convoquer le corps électoral plus tôt que prévu, afin que l'élection présidentielle se tienne dans le courant du premier trimestre de l'année 2016", a déclaré le président dans un discours devant les membres de l'Assemblée nationale.
Cette annonce anticipe l'échéance électorale, alors qu'on l'attendait au mois de juillet 2016. Selon l'ancienne constitution, la fin du mandat de l'actuel président de la République du Congo est fixée au 14 août prochain. Mais, l'entrée en vigueur d'une nouvelle constitution depuis le 6 novembre dernier a poussé le président à ramener l'élection plus tôt afin d'amorcer, dit-il, la mise en place des institutions prévues par cette nouvelle constitution.
Néanmoins, ce nouveau calendrier laisse poser plusieurs questions sur l'avenir politique du Congo, au regard de nombreux défis liés à la gouvernance électorale, que le gouvernement doit être en mesure de mettre en œuvre dans les trois mois à venir.
Il s'agit principalement de l'adoption d'une nouvelle loi électorale, la mise en place d'un fichier électoral crédible, la mise en œuvre de la biométrie et du bulletin unique décidée unanimement par la classe politique et la société civile congolaises, en vue d'améliorer la gouvernance électorale dans ce pays confronté à une tension politique depuis plusieurs mois.
Le dialogue national de juillet 2015 à Sibiti dans le sud du pays avait permis de définir les grandes orientations de la consolidation de la démocratie au Congo. Ils avaient notamment décidé : "le principe d'introduire la biométrie dans le processus électoral en République du Congo a été réaffirmé. Sa mise en œuvre se fait de façon progressive. L'usage du bulletin unique se fera, à titre expérimental, à l'élection présidentielle de 2016".
Ainsi, si les politiques proches de la majorité saluent l'annonce sur l'organisation de l'élection présidentielle de manière anticipée, plusieurs parlementaires proches de l'opposition ont fustigé les délais très courts qui ne laissent pas le temps de parfaire l'organisation de l'élection et de promouvoir la transparence.
"Nous réitérons que nous sommes contre cette démarche politique. Nous nous trouvons aujourd'hui devant un fait accompli, le chef de l'Etat, veut aller au vote pour que la nouvelle Constitution s'applique. Or, préparer un scrutin présidentiel en trois mois, ce ne sera jamais un vote crédible. De plus, la nouvelle loi électorale qui devrait consacrer la bonne gouvernance électorale n'est pas encore sur la table du parlement. Je crains que ce qui est donné dans la précipitation cache quelque chose", a déploré Honoré Sayi, un député proche de l'opposition.
Le député Michel Bidimbou, proche de la majorité, pense quant à lui que la démarche du président de la République a sa raison d'être. "Il a dissipé l'impatience du peuple congolais qui voulait qu'il soit mis en place les institutions prévues par la nouvelle loi fondamentale adoptée le 25 octobre dernier. En tant qu'élus du peuple, nous avons, dès à présent, la responsabilité la plus grande d'examiner et d'adopter la nouvelle loi électorale qui garantit une élection libre, transparente et apaisée", pense-t-il.
La nouvelle constitution adoptée suite à un référendum du 25 octobre au Congo prévoit que les institutions en place devraient fonctionner jusqu'à la fin de leurs mandats respectifs. L'on se demande, au regard de l'annonce faite par le chef de L'État congolais si des élections anticipées seront également organisées pour adapter les deux chambres du parlement à la nouvelle loi fondamentale.