Dernière mise à jour à 08h46 le 22/02
La 16ème édition du Forum de Bamako (du 18 au 20 février) a suggéré des pistes pour l'émergence de l'Afrique à l'issue de trois jours de travaux sur le thème "l'Afrique, entre chaos et émergence".
Les spécialistes, décideurs, chercheurs, chefs d'entreprises et médias qui participaient au forum, ont réfléchi sur les conditions de l'émergence de l'Afrique à l'horizon 2035 à travers les contraintes et les défis auxquels le continent africain est confronté comme le terrorisme, le manque de perspectives pour la jeunesse, la migration et le développement.
"L'Afrique est un continent de paradoxe", a déclaré Abdullah Coulibaly, président du Forum de Bamako. "Certains voient l'Afrique comme un continent sans avenir, affecté par les guerres, le narcotrafic, la famine, la pauvreté, la corruption... D'autres la considèrent comme le continent de l'avenir avec ses ressources minières et sa croissance économique. D'autres encore pensent que l'Afrique, c'est à la fois le chaos et l'émergence", a-t-il précisé.
Mais, de façon générale, les participants pensent que la "rareté et le gaspillage" des richesses est l'une des raisons essentielles de son sous-développement.
"Quand vous regardez le PIB, on s'aperçoit que ce qui prend la plus grande partie des investissements en Afrique, c'est la construction des routes... Souvent, 20 milliards de F CFA (34 millions de dollars) sont attribués pour la construction de quelques kilomètres de routes qui d'ailleurs, ne tiennent pas plus de 5 ans...", a déploré Mme Reckya Madougou, ex-ministre de la Justice du Bénin.
"Les perspectives de long terme que nous identifions pour nos pays, émanent la plupart du temps des différents programmes d'ajustement, des réformes économiques dans lesquelles on les engage sans tenir compte de nos réalités", a diagnostiqué Mme Madougou.
"Ce sont les Africains eux-mêmes qui retardent le développement de l'Afrique", s'offusque-t-elle, soulignant que les dirigeants africains donnent la priorité aux secteurs pouvant leur permettre de bien profiter des efforts des contribuables (corruption et délinquance financière).
Le développement progressif se programme pour faire avancer un Etat. En investissant par exemple "10 milliards de F CFA (17 millions de dollars) sur les jeunes de votre pays, vous pouvez rendre autonomes durablement plus de 50 millions d'Africains. Il faut donc mettre en place des programmes pour financer les projets, notamment pour les femmes et les jeunes", recommande Mme Reckya Madougou.
Pour le Premier ministre malien, Modibo Kéïta, "l'émergence de l'Afrique passe par la lutte implacable contre l'insécurité, l'impunité et l'illégalité. C'est la rupture de la légalité qui conduit à l'instabilité".
Les dirigeants africains doivent, a-t-il suggéré, améliorer les méthodes de gestion en faisant "des choix courageux pour apporter un démenti cinglant au paradoxe africain".
Considérée par des experts comme la sixième région de l'Afrique, la diaspora (constituée par les émigrés) doit être plus que jamais impliquée dans les stratégies de l'émergence économique du continent.
"Chaque année, la diaspora offre environ 40 milliards de dollars à l'Afrique", a assuré Liévin Feliho, président du Cercle humaniste d'Engagement et de Réflexion pour l'Avenir de l'Afrique (CHERPAA).
L'impact de cette contribution financière est substantiel dans l'économie locale, a-t-il relevé en souhaitant que soit optimisé ce potentiel financier au profit de l'Afrique pour lui permettre de faire face aux grands défis du développement, notamment dans les secteurs environnemental, sécuritaire, industriel...
L'émergence de l'Afrique, ont également défendu certains intervenants, passe par le développement des nouvelles technologies. Un domaine dans lequel le continent doit éviter d'être largué car "l'essor de la sphère digitale peut impulser son développement économique et social".
L'objectif général du Forum de Bamako, avait indiqué Abdullah Coulibaly à l'ouverture, était de trouver "une issue en vue de sortir définitivement le continent africain du chaos pour le mettre sur les rails de l'émergence".