Dernière mise à jour à 09h38 le 17/02
Boutros Boutros-Ghali, un diplomate égyptien chevronné qui a contribué à négocier un accord de paix majeur entre son pays et Israël avant de s'opposer aux Etats-Unis quand il fut secrétaire général des Nations Unies, est décédé à l'âge de 93 ans. Descendant d'une famille politique chrétienne égyptienne de premier plan et marié à une juive égyptienne, il fut le premier chef des Nations Unies du continent africain à partir de 1992, une époque de changements mondiaux spectaculaires qui vit l'effondrement de l'Union soviétique, la fin de la guerre froide et le début d'une ère unipolaire dominée par les États-Unis.
Mais après quatre années de frictions avec l'administration Clinton, les Etats-Unis bloquèrent son renouvellement au poste en 1996, faisant de lui également le seul Secrétaire général des Nations Unies à n'avoir effectué qu'un seul terme. Il fut remplacé par le Ghanéen Kofi Annan. C'est l'actuel président du Conseil de sécurité des Nations Unies, l'ambassadeur du Venezuela Rafael Ramirez, qui a annoncé mardi la mort de M. Boutros-Ghali au début d'une séance sur la crise humanitaire au Yémen. Les 15 membres du conseil se levés et observéune minute de silence.
Les cinq ans du mandat de M. Boutros-Ghali à la tête des Nations Unies restent controversés. Certains voient en lui celui qui a cherché à établir l'indépendance des Nations Unies face à la seule superpuissance mondiale d'alors, les Etats-Unis. D'autres lui reprochent des erreurs de jugement dans les échecs qui n'ont pas su prévenir les génocides en Afrique et dans les Balkans et la mauvaise gestion de la réforme de l'organisation mondiale. Dans son discours d'adieu aux Nations Unies, M. Boutros-Ghali avait dit qu'il avait pensé, quand il avait pris son poste, que le temps était venu pour que les Nations Unies jouent un rôle efficace dans un monde qui n'était plus divisé en camps belligérants de la guerre froide. « Mais les années intermédiaires de cette demi-décennie étaient profondément troublées », a-t-il dit. « La désillusion s'est installée ».
Célèbre pour son attitude digne et son style rappelant l'Ancien Monde, Boutros Boutros-Ghali était le fils de l'une des plus importantes familles chrétiennes coptes d'Egypte. Son grand-père, Boutros Ghali Pacha, fut Premier ministre de l'Égypte de 1908 à 1910. Né le 14 novembre 1922, Boutros-Ghali a étudié au Caire et à Paris et est devenu un universitaire spécialisé dans le droit international. En 1977, le président égyptien d'alors Anouar el-Sadate l'avait nommé ministre d'Etat sans portefeuille, peu de temps avant la visite historique de celui-ci en Israël pour lancer des négociations de paix. M. Boutros-Ghali a également joué un rôle majeur dans les négociations ultérieures qui ont produit les accords de paix cadres de Camp David en septembre 1978 et le traité de paix égypto-israélien de mars 1979, le premier du genre entre un Etat arabe et Israël. Après avoir quitté les Nations Unies, il fut aussi, de 1998 à 2002, Secrétaire général de la Francophonie.