Dernière mise à jour à 08h25 le 28/01
Dans ce qui semble clairement un signe de protestation contre le projet du gouvernement français visant à faire passer une mesure de déchéance de la nationalité contre les terroristes français possédant une double nationalité, la ministre française de la Justice, Christiane Taubira, a démissionné. Personnage populaire chez de nombreux socialistes, mais cible de critiques des Républicains de droite, elle a tweeté après son départ : « Parfois résister c'est rester, parfois résister c'est partir ».
François Hollande a nommé Jean-Jacques Urvoas, le président de la commission des lois du Parlement, comme successeur pour « mener à bien la réforme constitutionnelle... », selon un communiqué du ministère de la justice. Le Président souhaite faire inscrire la « déchéance de nationalité » dans la Constitution à la suite des attentats perpétrés en novembre à Paris, qui ont fait 130 morts. Cette déchéance fait partie d'une série de mesures destinées à renforcer la sécurité au moment où des centaines de citoyens français -dont beaucoup détiennent la double nationalité- partent pour combattre aux côtés de l’Etat islamique en Irak et en Syrie, et dans le cas des terroristes de novembre 2015, reviennent faire des ravages en France.
« Le retrait de la nationalité française de ceux qui tuent aveuglément d’autre Français au nom d'une idéologie de la terreur est un acte fort symbolique contre ceux qui se sont exclus de la communauté nationale », a déclaré le Premier ministre Manuel Valls, après que la mesure ait été annoncée. La proposition a suscité de profondes divisions et mis Christiane Taubira en porte-à-faux avec son propre gouvernement. Les réformes visent également à inscrire le droit de déclarer l'état d'urgence dans la Constitution, y compris les pouvoirs de fouiller les maisons et de placer des individus en résidence surveillée sans contrôle judiciaire.
François Hollande a tenu à exprimer à Christiane Taubira « sa reconnaissance pour son action ». Le communiqué précise encore qu'elle aura « mené avec conviction, détermination et talent la réforme de la Justice et joué un rôle majeur dans l'adoption du mariage pour tous ». Le Parlement français commencera le débat sur les réformes au début de février. Les plans du gouvernement visant à prolonger de trois mois l’état d'urgence actuel -qui expire le 26 février- ont néanmoins été critiqués par les défenseurs des droits de l'homme.