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Que les Etats-Unis cessent de semer le trouble dans la Péninsule coréenne

le Quotidien du Peuple en ligne | 16.02.2016 16h13

Récemment, la situation dans la péninsule coréenne a connu une forte recrudescence des troubles et des risques. D'un côté, la Corée du Nord, malgré la forte opposition du monde, a de nouveau procédé à des essais nucléaires, au lancement et à l'utilisation de la technologie des missiles balistiques, constituant une violation grave de l'interdiction édictée par le Conseil de sécurité de l'ONU. Sur ce point, les Nations Unies continuent à négocier le renforcement des sanctions contre la RPDC afin de maintenir la stabilité dans la Péninsule. Mais de l'autre côté, les États-Unis se servent aussi des essais nucléaires et des tirs de fusées de la Corée du Nord comme prétexte, et pourraient installer un système anti-missiles « Patriot » dans la Péninsule, ce qui risque de compliquer davantage encore la situation en matière de sécurité régionale.

Face à cette nouvelle situation, il est nécessaire, indispensable même, de prendre certaines mesures pour maintenir la paix et la stabilité dans la péninsule et dans la région. Mais se livrer à ce genre de petites manoeuvres à ce moment précis risque de déclencher des conséquences non désirées, ce qui ne peut que susciter qu'incompréhension et inquiétude. Face au comportement des États-Unis, on est en droit de se demander si leur conception du problème de la péninsule n'a pas quelques problèmes.

Tout d'abord, une mentalité de Guerre froide. S'agissant du problème de la péninsule, les Etats-Unis ont maintenu de longue date une attitude de confrontation. L'Amérique non seulement maintient une présence militaire depuis longtemps dans le Sud de la péninsule de Corée, où ils ont déployé des armes nucléaires pendant la guerre froide ; ils ont d'ailleurs été les premiers à introduire ce genre d'armes dans la péninsule. Entrant dans le nouveau siècle, les Etats-Unis ont conservé une mentalité de guerre froide, qualifiant encore le Nord de membre de l'« axe du mal », refusant même obstinément le moindre dialogue sous la présidence précédente, ou adoptant une « patience stratégique » lors du mandat présidentiel actuel, continuant à éviter les contacts. Tout cela est sans aucun doute une raison importante qui explique l'évolution continue de la situation dans la péninsule.

Il n'y a pas si longtemps encore, les Etats-Unis disaient que la Corée du Nord, l'Iran et l'Irak constituaient tous les trois « l'axe du mal ». C'est sur cette base et en l'absence d'un mandat de l'ONU qu'ils ont lancé la guerre contre l'Irak, conduisant à une énorme catastrophe. Lors de leur guerre, les États-Unis n'ont trouvé aucune preuve que l'Irak développait secrètement des armes de destruction massive, mais en plus tout cela a conduit à de graves activités terroristes et au déchirement de l'Irak et de la Syrie. En revanche, sur la question du nucléaire iranien, les Etats-Unis ont pris un nouveau départ, parvenant, avec la coopération et la pression de la communauté internationale, à l'accord sur le nucléaire iranien conclu l'année dernière après un long dialogue. S'agissant de la RPDC en revanche, les Etats-Unis ont refusé de dialoguer avec elle pour continuer à se livrer à des pressions et des confrontations avec une mentalité de guerre froide.

Ensuite, les intentions cachées. Les États-Unis et la Corée du Sud ont un accord d'alliance, dont le but est d'assurer une sécurité mutuelle, et rien d'autre. Quand la Corée du Nord développe des armes nucléaires et des missiles, il n'y a rien d'incompréhensible à voir la Corée du Sud prendre des mesures de prévention appropriées. Cependant, l'essentiel dans cet accord est l'idée d'« auto-défense », mais pour autant, l'idée d'« auto-défense » ne doit pas être extrapolée au risque d'entrainer un déséquilibre de la sécurité dans la péninsule, et même de déborder en Asie du Nord et dans la région Asie-Pacifique.

Comme nous le savons tous, le système anti-missiles « Patriot » dépasse de loin les capacités nécessaires pour s'opposer à la Corée du Nord. L'arrivée de « Patriot » en Corée du Sud affectera directement la sécurité stratégique de la Chine et provoquera un déséquilibre de la sécurité en Asie du Nord et en Asie-Pacifique, ce qui pourrait conduire à une plus vaste compétition en termes de rééquilibrage stratégique. On pourrait dire, face à cette initiative des Etats-Unis, qu'au delà des apparences, leurs intentions n'échappent à personne.

Enfin, les Etats-Unis se contredisent eux-mêmes. Ils sont pleinement partie prenante dans la situation dans la péninsule, mais ils ont depuis longtemps adopté une politique différente à l'égard du Nord et du Sud, assurant dans le même temps la sécurité du Sud tout en maintenant le Nord sous haute pression, ce qui ne contribue pas à faciliter l'améliorer des relations dans la péninsule. Verbalement, les Etats-Unis affirment vouloir résoudre le problème nucléaire de la RPDC, mais étant donné l'absence de contacts et de confiance entre les Etats-Unis et la RPDC, non seulement il sera difficile de résoudre le problème du nucléaire en RPDC, mais il risque encore de s'intensifier. La position américaine sur la question nucléaire en RPDC et la stabilité de la péninsule manque à l'évidence de sincérité et est marquée par les contradictions.

Chacun ne peut que se demander ce qui empêche de résoudre les problèmes qui viennent d'être évoqués : un manque de capacités, ou un manque de bonne foi ? On peut également se demander si les États-Unis veulent vraiment résoudre le problème du nucléaire en RPDC, ou s'ils ne préfèrent pas plutôt que ce problème s'éternise, afin d'en faire un point de départ de leur propre intervention en Asie du Nord, de façon à ouvrir la porte à l'intégration de Washington comme centre d'une alliance régionale en Asie de l'Est, et perpétuer encore leur position de leader en Asie-Pacifique et dans le monde ?

L'avertissement à adresser aux Etats-Unis pourrait être celui-ci : quand on soulève un rocher, il est toujours possible qu'il vous retombe sur les pieds. Semer le trouble la péninsule est non seulement néfaste à la paix et à la stabilité régionale, mais cela risque tout autant d'entraver leurs propres aspirations et leurs rêves.

(L'auteur est vice-président et professeur à l'Institut des études internationales de l'Université Fudan.)

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Yin GAO)
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