Dernière mise à jour à 13h49 le 27/02
La majorité présidentielle et l'opposition sénégalaises, ainsi que la société civile, sont en ordre de bataille depuis l'annonce d'un référendum sur la révision constitutionnelle.
Le principal point de ce référendum, prévu le 20 mars, est la réduction de sept à cinq ans du mandat du président de la République. Mais, cette réduction promise par le chef de l'Etat sénégalais, Macky Sall, ne s'appliquera pas à son propre mandat en cours, suite à un avis contraire du Conseil constitutionnel écartant toute rétroactivité. Ce mandat prendra donc fin en 2019.
La décision du président Sall de se conformer à cet avis et de ne pas écourter de deux ans son mandat en cours est considérée comme une volte-face par les partis d'opposition, certains mouvements citoyens et associations de la société civile. Pour eux, cette décision est "un reniement" et ôte tout intérêt et toute urgence au référendum. Du coup, une dizaine de mouvements citoyens et de partis ont appelé mercredi à Dakar à voter "massivement non" au référendum.
Ce front, dont le fer de lance est mouvement "Y'en a marre", dénonce avec virulence le renoncement du président Macky Sall à s'appliquer un quinquennat.
Des rappeurs membres de ce front ont déjà traduit en chanson le refus du référendum sur un air du folklore sénégalais. Jeudi dernier, plusieurs partis politiques tels que le Parti démocratique sénégalais (PDS, ancien parti au pouvoir), le Rewmi de l'ancien Premier ministre Idrissa Seck, entre autres, ont créé à leur tour une plateforme pour le "non", appelant les Sénégalais à voter contre les 15 points de la réforme constitutionnelle.
Le Parti démocratique sénégalais prône un "non ferme et historique" et l'ancien Premier ministre Idrissa Seck "appelle à voter non" contre le président Macky Sall.
Face au regroupement des partisans du "non", la mouvance présidentielle avec en tête le parti du président, l'Alliance pour la république(APR), a entamé la mobilisation pour "un oui massif".
Dans un communiqué, le Secrétaire général de l'APR appelle ses militants à "l'unité, à la solidarité et à l'engagement pour le triomphe du oui". Pour cela, le parti au pouvoir demande la mise en place des comités de mobilisation sur toute l'étendue du territoire national et à l'étranger.
Les alliés de l'APR promettent eux aussi de s'investir pleinement pour déjouer tous les plans de l'opposition. Même s'ils n'ont pas encore défini une stratégie de campagne au sein de leur coalition, les alliées de Macky Sall ont la même vision sur la manière de battre campagne pour que le "oui" passe.
Entre partisans du "oui" et du "non", un troisième bloc s'est installé pour prôner le report du référendum du 20 mars prochain. Parmi les partisans du report on peut citer, entre autres, l'ancien Premier ministre de Macky Sall, Abdoul Mbaye, l'ancien chef de la diplomatie sénégalaise Cheikh Tidiane Gadio et l'universitaire et ancienne ministre conseiller Amsatou Sow Sidibé.
L'argument pour le report est que le référendum ne présente plus grand intérêt du moment qu'il ne concerne pas la réduction du mandat en cours et que les autres points du référendum peuvent bien être soumis à l'Assemblée nationale.
Devant le tollé provoqué par sa décision de renoncer à écourter son mandat qui a fortement entamé son crédit au sein de la population, le président Sall a appelé à une concertation avec l'opposition et la société civile sur le référendum.
Mais, si certains leaders de la société civile sont favorables, le PDS et Rewmi ont décliné l'invitation. Pour l'ancien parti au pouvoir, il est trop tard pour discuter.