Dernière mise à jour à 09h34 le 29/03
Les économistes sud-africains ont averti que les performances économiques du pays étaient soumises à une telle tension que les agences de notation pourraient bien rétrograder la note de crédit du pays jusque dans la catégorie "junk" désignant les valeurs les plus risquées.
Ils ont souligné que le plus gros de la tourmente restait à venir car l'agence de notation Moody's a récemment effectué une visite en Afrique du Sud pour réévaluer son climat économique et déterminer si la solvabilité des obligations d'État de ce pays devait encore être réévaluée à la baisse.
Le taux de chômage élevé, la croissance économique faible et les divergences criantes entre le ministre des Finances et le Trésor public sont des paramètres qui pourraient rapidement conduire à rétrograder la dette sud-africaine dans la catégorie spéculative.
Les décisions imprévisibles du président Jacob Zuma en matière de nomination de ministres n'ont pas aidé à apaiser la situation.
"La mauvaise nouvelle est que selon nos estimations, cette baisse de note est probable. Nous pensons que cela se produira cette année", explique François Conradie, directeur de recherche au sein de NKC African Economics.
"Les prix grimpent, les taux d'intérêts grimpent, les impôts ont augmenté pour certains d'entre nous et le chômage est de nouveau à la hausse. L'indice de moral des ménages est à son plus bas niveau depuis quinze ans", précise-t-il.
Le statut "junk" signifierait une note de crédit de l'Afrique du Sud inférieure à "B", signifiant qu'un tel placement est considéré comme peu sûr.
Un tel statut aurait des conséquences terribles pour une économie qui a tant besoin d'investissements directs étrangers.
Cependant, George Nicholls, directeur général de Control Risks, un cabinet international de consultants en matière de risque, a déclaré à Xinhua qu'il n'était pas trop tard pour réagir pour le gouvernement.
"Le gouvernement a certains outils en main. L'un d'entre eux consisterait à maintenir le message favorable aux entreprises envoyé par le ministre des Finances, Pravin Gordhan.
"La présidence et le gouvernement doivent aussi suivre une ligne politique claire qui n'effraie pas les investisseurs", selon M. Nicholls.
En février, la Banque mondiale a revu à la baisse les prévisions de croissance sud-africaine pour 2016 à 0,8%, contre 1,4% précédemment.
Elle a également révisé sa prévision pour 2017 à 1,1%, contre 1,6% précédemment. Une enquête récente de l'École de commerce et de gouvernance de l'université du Nord-Ouest d'Afrique du Sud a révélé un niveau élevé de l'indice d'incertitude politique au quatrième trimestre 2015.
Selon les analystes, cette situation favorise le risque de baisse de note, et la balle est désormais dans le camp du gouvernement s'il veut tenter de l'éviter ou d'en atténuer l'impact.