Dernière mise à jour à 08h51 le 02/03
Les entreprises sud-africaines ont connu le nombre le plus élevé de crimes économiques au monde au cours des deux dernières années, selon des données publiées mardi.
Environ 69% des entreprises sud-africaines interrogées ont déclaré être victimes de criminalité économique, avec des pertes de 100.000 à un million de dollars au cours de la période étudiée, selon le cabinet d'audit international, PricewaterhouseCoopers (PwC), auteur de cette enquête.
Dans un communiqué publié à Johannesburg, le directeur des services d'analyse de PwC Afrique, Louis Strydom, a déclaré que l'économie avait subi de lourdes pertes à cause de la criminalité économique.
Dans cette enquête, PwC a interrogé 6.337 entreprises de nombreux secteurs dans 115 pays. En Afrique du Sud, 232 entreprises ont été interrogées.
"La criminalité économique reste un défi sérieux pour les chefs d'entreprise, les responsables gouvernementaux et les particuliers en Afrique du Sud", a déclaré M. Strydom.
"Dans cette enquête, nous avons découvert que cette tendance restait inchangée depuis 2014, avec 69% des sondés en Afrique du Sud rapportant avoir été victimes de la criminalité économique au cours des deux années précédentes", a-t-il dit.
Environ 70% des entreprises sud-africaines ont également déclaré que les agences des forces de l'ordre n'étaient à leur avis pas suffisamment formées ou équipées en termes de ressources pour combattre la criminalité.
Ce pourcentage est proche du double du taux mondial de 44%.
"En comparaison avec le taux de 36% au niveau mondial, nous ne pouvons que constater cette triste réalité que la crime économique a atteint un niveau pandémique en Afrique du Sud. Aucun secteur et aucune région ne sont à l'abri de la criminalité économique", a souligné M. Strydom.
PwC indique également que 32% des entreprises sud-africaines ont été victimes de cybercriminalité, ce qui correspond à la moyenne mondiale. L'Afrique du Sud a récemment entrepris d'élaborer une loi pour lutter contre la cybercriminalité.
Le rapport de PwC indique que certaines entreprises n'ont pas de personnel pleinement formé pour faire face à la cybercriminalité tandis que d'autres ont bien un plan de réaction en vigueur en cas d'incident de cybercriminalité.
Si 56% des personnes interrogées au sein des échelons de direction supérieurs du pays ont déclaré qu'elles préfèreraient perdre un contrat que de recourir à la corruption, 14 % des sondés du secteur privé ont déclaré avoir été sollicités pour un pot-de-vin au cours des deux dernières années.
Trevor White, Directeur des Enquêtes mondiales et du Service d'analyse de PwC, a estimé que l'augmentation des cas détectés grâce aux lignes téléphoniques ouvertes pour le signalement était un signe positif, mais que les entreprises laissaient encore beaucoup trop au hasard. Les cas de criminalité économique découverts par hasard ont plus que doublé de 6% en 2014 à 14% en 2016, et 8% des sondés ne sont même pas en mesure de dire comment des crimes économiques graves à l'encontre de leur entreprise ont été détectés.
PwC indique également que une entreprise sur trois dans le pays a du mal à recruter un personnel compétent en matière de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme.
Beaucoup ont déclaré qu'ils avaient dû combler cette lacune après avoir reçu une inspection.
Au cours de l'année écoulée, quatre grandes banques ont subi des amendes de près de 125 millions de rands (environ 9,7 millions de dollars) de la part de la banque centrale sud-africaine, en raison du laxisme de leurs contrôles des capitaux liés aux activités terroristes et au blanchiment d'argent.
Ce rapport devrait être utilisé par les milieux politiques et académiques pour élaborer ou promouvoir de nouvelles politiques ou de nouvelles méthodes dans ce pays.