Dernière mise à jour à 08h48 le 21/07
Le politologue bissau-guinéen Rui Jorge Semedo a estimé le jugement de la Cour suprême validant la nomination du nouveau Premier ministre, Baciro Dja, et de son gouvernement, risque de "plonger encore plus la Guinée-Bissau dans des difficultés imprévisibles".
Dans un entretien téléphonique avec Xinhua, M.Semedo a affirmé que "le pays est en danger (car) la position de la Cour suprême n'est pas de nature à promouvoir la stabilité en Guinée-Bissau".
"Les arguments de validation en faveur du Premier ministre ne sont pas cohérents et sont très fragiles", a-t-il jugé en rappelant que dans un premier jugement la même cour avait été unanime pour dire que la nomination de M. Dja a été "inconstitutionnelle".
Le politologue a estimé que le jugement rendu en faveur de Baciro Dja ne garantit aucune stabilité parlementaire durable et que la période d'incertitudes va se prolonger.
Le leader du PAIGC, parti au pouvoir sorti vainqueur des dernières législatives, a également été très critique vis-à-vis de la décision de la Cour suprême.
Dans un communiqué, Domingos Simoes Pereira, chef du gouvernement démis au profit de Baciro Dja, a accusé la Cour suprême de justice d'"avoir trahi la démocratie en prenant une décision inique, contradictoire et incompréhensible".
Il a mis en garde la Cour suprême "contre cette contradiction assumée qui a consisté à rendre deux décisions sur une même question".
En août 2015, Domingos Simoes Pereira avait été destitué de son poste de Premier ministre par le président José Mario Vaz qui l'a remplacé par Baciro Dja. Une décision que le leader du PAIGC avait contestée et la Cour suprême avait jugée "inconstitutionnelle".
Le chef du PAIGC a réaffirmé sa conviction que l'interprétation du jugement vendredi dernier par les juges "trahit la démocratie, la loi et la justice".
Dans tous les cas, a promis Domingos Simoes Pereira, le PAIGC, vainqueur des élections législatives de l'année dernière, prendra le contrôle de l'Assemblée nationale populaire (ANP) au nom de la légalité.
Dans ces conditions, la prochaine session de l'ANP est très attendue par les observateurs politiques.
Il s'agit de savoir si le nouveau gouvernement bénéficiera de la confiance du parlement grâce à une alliance entre les 42 députés du Parti de la rénovation sociale (opposition) et des quinze députés dissidents du PAIGC, exclus de ce parti, qui lui confère une majorité.
Cependant, explique le politologue Rui Jorge Semedo, la loi en vigueur à l'ANP ne reconnaît pas un statut d'indépendant aux députés élus sur liste.
Ce point très important, la Cour suprême aurait dû en tenir compte dans son jugement, a-t-il souligné.
"Je ne crois pas que le gouvernement de M. Dja puisse aller loin avec un tel écueil et sans un dialogue sincère entre les protagonistes politiques. A mon avis, seul le PAIGC est en mesure de régler la crise en son sein", a-t-il indiqué.
Pour sa part, le président bissau-guinéen José Mario Vaz, qui appartient également au PAIGC, a fait appel à l'union des Bissau-guinéens afin que le pays surmonte la grave crise politique qui bloque le fonctionnement normal de l'ANP depuis plusieurs mois.
José Mario Vaz a exprimé le puissant besoin de "compréhension entre les différents organes de souveraineté du pays" pour que la Guinée-Bissau entame "un nouvel élan vers le développement".
Pour lui, c'est "un défi au regard de la situation difficile" que vivent les Bissau-guinéens.
En attendant, le blocage au sommet de l'Etat plombe l'ANP au point que le budget de l'Etat n'a pas encore été voté pour l'année 2016 alors que cela devait l'être depuis janvier.