Dernière mise à jour à 11h23 le 14/05
Le président de la République de Guinée-Bissau, José Mario Vaz, a démis de ses fonctions jeudi le gouvernement du Premier ministre Carlos Correia pour tenter à nouveau de sortir le pays de la crise qui le plombe depuis plusieurs mois.
La crise a été déclenchée par le limogeage le 12 août 2015 du premier gouvernement de la neuvième législature dirigé par Domingos Simoes Pereira pour "corruption et népotisme".
En tant que leader du PAIGC, parti majoritaire à l'Assemblée nationale, qui doit selon la Constitution désigner le Premier ministre, M. Pereira a contesté sa mise à l'écart, avec le soutien du PAIGC.
Mais le chef de l'Etat a maintenu sa décision et nommé le 20 août 2015 Baciro Dja en tant que Premier ministre, qu'il devra ensuite destituer le 9 septembre sur injonction de la Cour suprême, qui jugera sa nomination illégale.
Après de nombreuses tractations, un consensus est trouvé pour la nomination, sur proposition du PAIGC. Carlos Correia est nommé le 17 septembre 2015 comme troisième chef du gouvernement de la législature. Il a été démis ce jeudi 12 mai 2016.
Dans le message à la nation, le président Vaz a expliqué que "le gouvernement de Carlos Correia est obsolète et manque de légitimité pour gouverner".
Ce gouvernement a fait les frais des divisions au sein du PAIGC, auquel appartient le président Vaz, avec la dissidence de 15 de ses 57 députés. A cause de cette dissidence, la déclaration de politique générale de Carlos Correia devant le parlement a été rejetée.
Cette dissidence s'est transformée en un imbroglio politico-judiciaire avec l'exclusion des 15 députés dissidents du PAIGC, leur radiation de l'Assemblée nationale, et leur remplacement par des suppléants.
La sanction a été contestée par les dissidents et il s'en est suivi une bataille judiciaire confuse avec des verdicts controversés venant de différentes juridictions du pays en faveur ou contre le maintien du mandat des députés exclus.
Quoi qu'il en soit, le groupe des 15 députés exclus du PAIGC a décidé de se rallier au Parti de la Rénovation sociale (PRS, jusqu'alors deuxième parti politique du pays, avec 41 députés) qui devient maintenant majoritaire au parlement.
Cette nouvelle majorité parlementaire lui donne droit, selon le président Vaz, de composer un gouvernement.
Au cours des audiences tenues mercredi par le président avec les partis représentés au parlement, le PAIGC s'est prononcé pour la tenue d'élections législatives comme solution à la crise politique actuelle.
"Nous préconisons la dissolution du parlement et l'organisation d'élections législatives", a déclaré son président Domingos Simoes Pereira après la rencontre avec M. Vaz.
Ce dernier a finalement tranché en faveur d'une solution moins risquée politiquement, qui affaiblit le PAIGC à l'Assemblée nationale mais qui ne met pas fin au bras de fer entre le président Vaz et une frange importante de son parti, selon les analystes.