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La justice kényane annule les résultats de l'élection présidentielle

le Quotidien du Peuple en ligne | 03.09.2017 10h41

La victoire du président kényan Uhuru Kenyatta, réélu le mois dernier, a été annulée le 1er septembre par la Cour suprême du Kenya, qui a ordonné un nouveau vote dans les 60 jours, dans une décision étonnante qui a plongé ce pays d'Afrique de l'Est dans le chaos politique. Cette annulation d'une élection est un fait sans précédent sur le continent africain, et donne aussi un nouvel espoir au candidat de l'opposition, Raila Odinga, qui affirmait que les résultats électroniques du scrutin du 8 août avaient été manipulés. Il avait perdu environ 1,4 million de votes sur un scrutin d'environ 15 millions. Le tribunal a statué par 4 voix contre 2 en sa faveur, affirmant que la commission électorale avait commis « des illégalités et des irrégularités ». Le tribunal, dont la décision complète avec les détails de ses conclusions devrait être diffusée dans les 21 jours, n'a cependant fait aucun reproche au Président Kenyatta ou son parti.

De son côté, Uhuru Kenyatta a déclaré que, s'il respectait la décision, il « était personnellement en désaccord ». Il a demandé avec insistance le calme dans un pays qui a des antécédents de violence post-électorale. « Six personnes ont décidé qu'elles iraient contre la volonté des gens », a dit le président, en déclarant plus tard à ses partisans que le juge en chef David Maraga « et ses escrocs » lui avaient volé sa victoire. Les résultats officiels avaient donné à M. Kenyatta 54% des voix contre 44% à son rival M. Odinga. Les membres de l'opposition ont quant à eux dansé dans les rues, émerveillés de l'annulation de la réélection de M. Kenyatta, 55 ans, fils du premier président du pays, dans un contexte de longue rivalité entre les principales familles politiques du pays.

« C'est une journée vraiment historique pour le peuple du Kenya et, par extension, pour les habitants de toute l'Afrique », a déclaré M. Odinga. « Pour la première fois dans l'histoire de la démocratisation africaine, une décision a été prise par un tribunal annulant l'élection irrégulière d'un président. Il s'agit d'un précédent ». De fait, comme l'a souligné à l'Associated Press Ronald Slye, professeur de droit à l'Université de Seattle, aucun pays africain n'a annulé une élection nationale en raison d'irrégularités. Ronald Slye figurait parmi ceux qui ont participé à la Commission de la Vérité, de la Justice et de la Réconciliation du Kenya mis en place après les violences qui avaient coûté la vie à plus de 1 000 personnes après les élections de 2007.

Les observateurs internationaux, y compris l'ancien secrétaire d'État américain John Kerry, avaient déclaré le jour du scrutin qu'ils n'avaient pas constaté d'ingérence dans le vote. Le Centre Carter avait tout de même souligné que la mission de John Kerry avait noté que « la transmission électronique des résultats s'était avérée peu fiable ». Après la décision de la cour, des envoyés de deux douzaines de pays, dont les États-Unis, la France et l'Allemagne, ont publié une déclaration conjointe disant que la décision « a démontré la solidité de la démocratie du Kenya et son engagement envers un Etat de droit ». De nombreux pays, y compris les États-Unis, avaient déjà félicité M. Kenyatta pour sa réélection. M. Odinga, un ancien candidat de l'opposition et fils du premier vice-président du Kenya, avait déjà contesté sans succès les résultats du vote de 2013 que son adversaire avait gagné. Pour la présente élection les partisans de M. Odinga avaient au début annoncé qu'ils n'iraient pas devant les tribunaux cette fois, avant de déposer une contestation formelle il y a deux semaines, dont le résultat a déclenché une explosion de joie dans leurs rangs.

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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