Dernière mise à jour à 11h24 le 15/10
Plusieurs activités, dont des marches et une procession seront organisées, dimanche 15 octobre au Burkina Faso et dans certains pays africains, pour commémorer le 30e anniversaire de l'assassinat du capitaine Thomas Sankara, ancien président burkinabè mort lors d'un coup d'Etat en octobre 1987.
Le monde commémore le trentenaire de l'assassinat du président Sankara et de ses 12 compagnons, y compris des pays comme le Bénin et le Niger. Des pays ont demandé à faire des marches vers des ambassades du Burkina. "C'est pour dire que le Burkina demande justice et tous ceux qui aiment Sankara demandent justice à travers le monde", a déclaré à la presse, Luc Damiba, Secrétaire général du Comité international mémorial Thomas Sankara (CIM-TS).
A Ouagadougou, une procession sera organisée par les populations. Le cortège partira du "Conseil de l'Entente", lieu du drame, et fera escale devant l'ambassade de la France, avant de se mobiliser devant le tribunal militaire, où se trouve le dossier.
Selon des observateurs, la France a joué un rôle dans l'assassinat de Sankara et des voix se sont levées pour demander à la France la levée du secret-défense afin de fournir à la justice des informations utiles.
Thomas Sankara, père de la Révolution burkinabè, a été tué avec douze de ses compagnons en octobre 1987 dans un coup d'Etat qui avait porté son frère d'arme, Blaise Compaoré au pouvoir.
Depuis lors, la justice burkinabè peine à faire la lumière sur la mort de ce jeune président de 37 ans qui faisait déjà parler de lui aussi bien en Afrique que dans le reste du monde à travers son idéologie révolutionnaire.
Mais avec l'insurrection d'octobre 2014 qui a chassé Blaise Compaoré du pouvoir, les lignes bougent selon des sources judiciaires.
Les corps de Sankara et de ses compagnons qui avaient été enterrés à la sauvette dans un cimetière de Ouagadougou ont été exhumés, en 2015 sous le régime de la transition.
Mais des deux expertises réalisées, on retient que le corps qui est censé être celui du président Sankara ne présente pas de traces ADN susceptibles d'être identifiées, selon les experts.
Cependant, cela n'empêche en rien la justice de suivre son cours, selon un des avocats de la famille, Me Bénéwendé Sankara (pas de lien familial).
L'ancien président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, visé par un mandat d'arrêt international, dans le cadre de ce dossier, est inculpé pour "attentat contre la sûreté de l'Etat, complicité d'assassinat et recel de cadavres".
Plusieurs milliers de personnes dont le président burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré et l'ancien président ghanéen, Jerry John Rawlings ont participé, début octobre, dans un stade omnisport de Ouagadougou au lancement officiel de la campagne des souscriptions populaires pour la construction d'un mémorial pour honorer la mémoire de Thomas Sankara.
Dix jours après le lancement de l'opération, ses initiateurs ont annoncé, mercredi dernier, avoir reçu à ce jour, plus d'un milliard de FCFA. Un concours architectural sera lancé pour la conception d'une maquette du monument.
LA JEUNESSE OU LA REINCARNATION DE SANKARA
Trente ans après sa mort, Thomas Sankara reste ancré dans la mémoire collective notamment dans le milieu jeune, dont nombre n'ont pas eu la chance de le connaître. Son nom a été clamé par de milliers de jeunes lors de l'insurrection populaire qui a chassé Blaise Compaoré du pouvoir en 2014.
"Je ne l'ai pas connu physiquement, mais je peux dire que je le connais spirituellement et idéologiquement. Il est mort quand j'avais à peine deux ans", explique à l'Université de Ouagadougou, Ismael Koné, étudiant en sociologie. "Comme disait Sankara, lui-même, +Tuez un Sankara, des milliers de Sankara naîtront+, nous sommes de cette génération et nous devons continuer la lutte", a-t-il dit.
Pour Hervé Ouédraogo, un jeune commerçant ambulant, "Sankara avait de grandes ambitions pour le Burkina Faso et le continent africain. Mais ils l'ont tué pour pouvoir s'accaparer des richesses du pays. C'est pour cela que nous sommes toujours en arrière".
Plus de 40% des 18 millions de Burkinabè vivent avec moins d'un dollar par jour.
Pourtant, le pays avait réussi à enregistrer des résultats spectaculaires sous la période révolutionnaire de Sankara dans les secteurs des infrastructures, de la santé, de l'agriculture, de l'éducation et de la culture sous l'impulsion des travaux d'intérêt commun et des campagnes de "vaccination commando".