Dernière mise à jour à 08h41 le 16/01
La Guinée-Bissau attend encore dimanche la nomination d'un nouveau Premier ministre, après la démission vendredi du titulaire de ce poste, Umaro Sissoko Embalo,
Cette démission pourrait conduire, selon les analystes, au dénouement de la crise politique et institutionnelle qui bloque ce pays depuis plus de deux ans, en permettant de nommer un Premier ministre consensuel, comme l'a recommandé l'Accord de Conakry en octobre 2016.
Elle permettrait ainsi à la classe politique d'échapper à des sanctions de la part de la CEDEAO qui a donné un délai de trente jours, qui se termine mardi, aux dirigeants du pays pour trouver une solution à la crise.
La clé du conflit est entre les mains du président Jose Mario Vaz qui a persisté à nommer des Premiers ministres qui sont invariablement rejetés par le PAIGC, le parti majoritaire à l'Assemblée nationale, dont l'aval est nécessaire à la validation du chef du gouvernement.
Cet aval est le nœud gordien de cette crise parce que dans le régime semi-présidentiel en vigueur en Guinée-Bissau, la Constitution stipule que c'est le parti vainqueur des législatives qui nomme le Premier ministre.
Or, le président Vaz a sciemment passé outre cette disposition, ainsi, tous les Premier ministres qu'il a nommés se sont-ils heurtés au refus catégorique du Parlement de se réunir pour examiner leurs programmes de gouvernement, ont fait remarquer des observateurs locaux.
La crise est née d'un bras de fer entre le président Vaz et le Premier ministre Pereira, tous deux membres du PAIGC.
Elu en mai 2014, M. Vaz a limogé le 12 août 2015 M. Pereira, en poste depuis 14 mois, en arguant d'une "crise de confiance au sommet de l'Etat".
Le PAIGC qui a obtenu la majorité en 2014 aux élections parlementaires (avec 57 députés sur 102), s'est rangé résolument aux côtés de son président, M. Pereira, en réclamant un poste qui lui revient de droit.
Mais, le président Vaz a persisté à vouloir imposer un Premier ministre et le PAIGC à rejeter tout passage en force qu'il assimile à un "coup d'Etat constitutionnel".
En présentant sa démission, le Premier ministre Umaro Sissoko Embalo, a justifié sa décision par l'absence de conditions pour continuer à exercer ses fonctions. Nommé le 18 novembre 2016, il n'a jamais pu depuis lors présenter son programme de gouvernement devant l'Assemblée nationale.
Le blocage des institutions qui résulte de la crise politique, a rendu difficile ou a bloqué la réalisation de plusieurs projets financés par les partenaires de développement.
Les nombreuses médiations d'organisations sous-régionales et internationales n'ont pas réussi à dénouer ce conflit de légitimité qui perturbe le fonctionnement d'un pays des plus pauvres du monde.
La dernière médiation en date est celle de la CEDEAO qui a arraché aux protagonistes de la crise, réunis à Conakry, un accord qui a du mal à être appliqué depuis octobre 2015, en dépit des menaces de sanctions contre les membres récalcitrants de la classe politique.
L'Accord de Conakry recommande la nomination d'un Premier ministre de consensus et la formation d'un gouvernement inclusif avec des représentants des partis représentés à l'Assemblée nationale.
Mais, le président Vaz refuse de nommer Augusto Olivais, une des trois personnes retenues lors des assises de Conakry au poste de Premier ministre, comme l'exige le PAIGC.
La démission d'Umaro Sissoko Embalo ouvre la voie à une solution de compromis et de sortie de crise avant la fin de l'ultimatum de la CEDEAO,qui prend fin le 16 janvier prochain,et en attendant la tenue, cette année, des élections législatives.