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Maurice : polémique au sommet de l'Etat

Xinhua | 09.03.2018 10h04

Une polémique au sommet de l'Etat secoue l'île Maurice depuis plus d'une semaine, faisant de l'ombre aux célébrations des 50 ans de l'accession du pays à l'Indépendance, prévues le 12 mars prochain.

Au centre de la polémique, des révélations dans la presse sur des dépenses jugées "luxueuses" de la présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim, à partir d'une carte de crédit donnée par une organisation appartenant à un homme d'affaires angolais controversé, Alvaro Sobrinho.

L'affaire remonte au 28 février dernier quand le journal l'Express publie en une "Les folles dépenses de Madame la présidente". Le journal révèle que Mme Ameenah Gurib-Fakim a obtenu en mai 2016 deux cartes de crédit en sa faveur en tant que vice-présidente de la fondation Planet Earth Institute (PEI) dont le président est M. Sobrinho. Chaque carte avec une limite d'un million de roupies (31.250 dollars) vise à encourir les frais de dépenses liées à la promotion de PEI.

Les cartes, selon le journal, auraient été utilisées pour des achats d'articles de luxe dans des boutiques hors taxes à Dubaï et à Maurice et dans une boutique de mode en Italie. L'Express publie des récépissés des dépenses pour appuyer ses allégations. La réputation de la présidente, jusque-là très estimée par la population est ébranlée et l'opposition politique réclame immédiatement sa démission ou à tout le moins des explications.

Pour toute réponse, la présidente demande au journal de prouver l'authenticité des documents et continue de vaquer à ses occupations. Du côté du gouvernement on reste prudent. Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, déclare également que les documents bancaires publiés par l'Express doivent être authentifiés.

"Je ne peux pas me prononcer, d'autant que la Présidente a lancé un ultimatum", dit-il à l'issue d'une réunion du bureau politique de son parti le samedi 3 mars. Seule Ameenah Gurib-Fakim est en mesure de dire ce qu'il en est, avance Pravind Jugnauth. "Je laisse le soin à la Présidente de s'expliquer".

Lundi, le Premier ministre et son adjoint, Ivan Collendavelloo se rencontrent pour discuter de l'affaire. C'est ce dernier qui avait proposé le nom d'Ameenah Gurib-Fakim pour le poste de président en 2015 après la victoire de l'Alliance Lepep. Cette candidature avait été saluée par la classe politique et le peuple car Mme Gurib-Fakim est une éminente scientifique très connue pour ses travaux sur les plantes endémiques de l'océan Indien. C'était également une première pour une femme à Maurice d'accéder à la plus haute fonction de l'État.

Après leur rencontre, les deux hommes se rendent chez la présidente au Château du Réduit pour un entretien confidentiel lundi soir. De sources bien informées, on apprend que ce serait pour lui demander de démissionner avant les célébrations marquant les 50 ans de l'Indépendance. À la sortie, le Premier ministre lâche de façon laconique, qu'il y a des "divergences" entre les deux parties.

Le lendemain, la présidente soumet plusieurs déplacements à l'étranger à l'approbation du Bureau du Premier ministre. Par déférence, l'administration du Premier ministre donne en général son feu vert aux demandes de la présidence et consent le débours des dépenses quotidiennes.

Mercredi, Mme Ameenah Gurib-Fakim a profité du lancement de l'ouvrage Du Réduit à la State House pour clarifier sa position. "Je n'ai absolument rien à me reprocher." "Quel est mon crime ? ", a-t-elle lancé, ajoutant qu'elle avait remboursé les achats effectués avec cette carte de crédit et coupé les liens avec Planet Earth Institute.

Seul le Premier ministre adjoint y était présent. Très souriant, il a déclaré que c'était un "grand honneur" d'assister au lancement de l'ouvrage. Mais cette présence n'est pas passée inaperçue et à l'hôtel du gouvernement des commentaires vont bon train insinuant que c'est un affront au Premier ministre.

Une réunion extraordinaire du conseil des ministres a été convoquée ce jeudi après-midi (alors que le Cabinet se réunit les vendredis). Si aucun agenda n'est évoqué, des sources indiquent que des décisions importantes devront être prises avant l'arrivée de l'invité d'honneur, le président indien, Ram Nath Govind, dimanche 11 mars.

Des sources affirment que Mme Ameenah Gurib-Fakim pourrait ne pas recevoir d'invitation pour assister à certains événements officiels. Ce qui constituerait un fait sans précédent dans les relations présidence/gouvernement. De son côté, l'opposition a fait savoir qu'elle compte boycotter toutes les célébrations où la présidente sera présente.

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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