Dernière mise à jour à 15h17 le 30/10
Selon des experts africains qui ont participé à un séminaire à Nairobi, au Kenya, la Chine n'a pas l'intention de coloniser l'Afrique ni de la faire tomber dans un piège de la dette. L'événement, centré sur la gouvernance, la paix et la sécurité, a eu lieu récemment et a rassemblé des experts qui ont discuté de questions concernant la coopération entre la Chine et l'Afrique.
Les médias occidentaux reprochent souvent à la Chine, dans leurs critiques de ses soutiens à des projets d'infrastructure et de ses prêts au développement à l'Afrique, de se livrer à une « colonisation » du continent. Une idée que réfute Peter Kagwanja, PDG de l'Africa Policy Institute, groupe de réflexion panafricain basé à Nairobi, qui était parmi plusieurs experts qui ont qualifié cette attitude de propagande anti-chinoise.
Une connexion profonde
Selon M. Kagwanja, l'engagement actuel entre la Chine et l'Afrique est un dialogue entre deux civilisations ayant un lien profond, notant que, contrairement aux pays occidentaux, la Chine n'a jamais soumis de peuples africains ni fait d'eux des esclaves.
M. Kagwanja a déclaré : « Ce que nous voyons dans nos musées, c'est un commerce solide entre la Chine et l'Afrique, un échange d'idées intellectuelles. Certains érudits africains étudient en Chine depuis plusieurs années et ne trouvent aucune preuve de "colonisation chinoise" ». Il a également souligné que la Chine et l'Afrique partagent une histoire d'humiliation, en particulier au cours des derniers siècles. La Chine aussi a perdu territoire, liberté et intégrité et, entre la première guerre de l'opium de 1840 et 1949, elle était une nation pauvre en raison de l'occupation de plusieurs pays.
Li Xuhang, chargé d'affaires à l'ambassade de Chine au Kenya, s'est fait l'écho de M. Kagwanja. Selon M. Li, la Chine a toujours respecté la souveraineté des pays lorsqu'elle participe aux affaires de sécurité africaines.
« La Chine a toujours sincèrement souhaité promouvoir la paix et la stabilité dans le pays et régions concernés, sans jamais rechercher d'intérêts géopolitiques qui lui soient propres. La Chine a toujours défendu la position de leader des Nations Unies, de l'Union africaine et des organisations régionales concernées dans la résolution des problèmes de paix et de sécurité en Afrique. La Chine soutient l'idée que les Africains doivent utilisent des méthodes africaines pour résoudre les problèmes africains ».
Il a ajouté que les causes profondes de l'instabilité et des conflits résident dans la pauvreté et le sous-développement, qui restent la clé pour résoudre tous les problèmes, y compris ceux liés à la sécurité.
« Ce n'est qu'en aidant les pays africains à réaliser un développement économique et social coordonné et en promouvant l'intégration et l'unité nationales que nous pourrons éradiquer fondamentalement le terrain propice à l'instabilité », a-t-il affirmé.
Martin Kimani, directeur du Centre national de lutte contre le terrorisme du Kenya, a pour sa part souligné que de nombreux pays africains avaient manifesté leur intérêt pour s'attaquer aux causes profondes de l'instabilité, notamment la pauvreté et les inégalités. « Le modèle de développement chinois qui met l'accent sur la création de richesse et l'élimination du chômage de masse est au cœur de la volonté de l'Afrique de promouvoir la paix et la sécurité », a-t-il dit.
L'agenda de la paix
Selon Christopher Chika, directeur de la Direction pour l'Asie et l'Australasie au ministère des Affaires étrangères du Kenya, la participation de la Chine au programme pour la paix et la sécurité en Afrique a redéfini les relations bilatérales avec le continent.
« Le consensus qui se dégage est, à l'heure où nous aspirons à faire taire les armes à feu, de réaligner l'engagement de la Chine et de l'Afrique sur l'agenda de la paix et de la sécurité de notre continent », a déclaré M. Chika, qui a ajouté que « La Chine a beaucoup investi en Afrique et il est donc dans son intérêt de promouvoir la paix et la sécurité, qui sont essentielles pour améliorer l'environnement des entreprises ».
Les experts ont également rejeté la notion de « piège de la dette », Anzetse Were, économiste et commentateur du développement africain, la décrivant comme une « campagne de diffamation ». « Les allégations selon lesquelles le modèle commercial de la Chine en Afrique et dans le monde sont un piège de la dette ou que les ressortissants chinois sont racistes ou désireux d'exploiter les ressources naturelles des pays africains est une campagne délibérée de discrédit contre le succès du programme de développement de la Chine sur le continent », a-t-il affirmé.