Dernière mise à jour à 09h48 le 04/11
En dépit d'une large contestation populaire qui réclame chaque vendredi à ce que l'élection présidentielle prévue pour le 12 décembre en Algérie soit reportée à une date ultérieure, le gouvernement et l'état-major de l'armée persistent à vouloir que ce rendez-vous politique soit organisé dans les temps impartis.
Décidé à aller jusqu'au bout du processus électoral, le président de l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), Mohamed Charfi, a annoncé samedi que cinq candidats, dont deux anciens Premiers ministres et deux ministres, ayant tous exercé sous la présidence d'Abdelaziz Bouteflika avaient été retenus pour ce scrutin.
Il s'agit des ex-Premiers ministres Abdelmadjid Tebboune et Ali Benflis, d'Abdelkader Bengrina, ancien ministre du Tourisme, Azzedine Mihoubi, ancien ministre de la Culture, et Abdelaziz Belaïd, président du Front El-Moustakbel (L'Avenir).
Vendredi, des centaines de milliers d'Algériens étaient sortis encore une fois dans les rues des grandes villes du pays pour exprimer leur refus quant à la tenue de cette échéance électorale qu'ils considèrent comme "une continuité du système" dans la mesure où les symboles du régime de l'ancien président Bouteflika sont toujours aux affaires.
Le général Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense et chef d'état-major de l'armée, avait affirmé mercredi le soutient indéfectible de l'institution militaire à l'ANIE, un soutien qui se poursuivra "jusqu'à la réalisation de l'objectif ultime qui est le déroulement de l'élection présidentielle à la date fixée, soit le jeudi 12 décembre 2019".
Il a par ailleurs indiqué que cette démarche émanait de la volonté du peuple, à savoir "toutes les catégories du peuple algérien, à l'exception de la bande et de ceux qui orbitent autour d'elle".
"L'objectif du peuple algérien, soutenu par son armée, est d'asseoir les bases d'un nouvel Etat national, qui sera dirigé par le président élu jouissant de la confiance du peuple et qui lui accordera la légitimité populaire", a-t-il assuré.
Le 15 septembre dernier, le chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, avait convoqué le corps électoral pour cette élection présidentielle, affirmant que la loi organique relative à l'ANIE et celle relative au régime électoral avaient introduit "des changements capitaux et inédits, qui ont touché à l'essence même de la doctrine suivie jusque-là dans notre pays en matière d'élections".
En dépit de ces assurances, des dizaines de milliers de manifestants algériens sont descendus depuis dans les rues afin d'exprimer leur refus de la tenue de cette élection présidentielle.
L'Algérie vit depuis le 22 février au rythme d'un mouvement de protestation qui ne veut pas s'essouffler malgré les vagues d'arrestations, car malgré la démission le 2 avril dernier de l'ancien président Abdelaziz Bouteflika et d'autres concessions faites par le pouvoir, le seuil des revendications ne fait qu'augmenter.