Dernière mise à jour à 08h24 le 20/11
L'envoyé de l'ONU pour la Libye a fait état lundi de "l'impact dévastateur" qu'a infligé l'escalade du conflit libyen cette année sur les services du santé du pays.
Ghassan Salamé, directeur de la Mission d'appui des Nations unies en Libye (MANUL), a déclaré au Conseil de sécurité de l'ONU que depuis le début de 2019, la Libye a enregistré au moins 60 attaques contre ses installations de santé, son personnel médical et ses ambulances.
En particulier, "un schéma clair de frappes aériennes de précision" a été observé visant les installations médicales des forces du gouvernement d'union nationale (GNA), gouvernement libyen internationalement reconnu.
Citant une évaluation du secteur de santé en Libye menée en octobre, M. Salamé a également fait remarquer une forte augmentation des besoins de santé non résolus, en particulier pour les femmes et les jeunes filles.
Plus de 24% des installations de santé sont fermées à cause du conflit, des coupures d'électricité ou des dommages structurels, et les services sont interrompus dans un grand nombre d'autres installations, a-t-il indiqué.
En début avril cette année, l'Armée nationale libyenne (ANL), la puissante milice de Khalifa Haftar basée dans l'est du pays, a lancé une opération dans le but de s'emparer de Tripoli. Des combats autour de la capitale libyenne opposent depuis les forces du GNA et les combattants de l'ANL.
La Libye peine à réaliser une transition démocratique dans un contexte d'insécurité et de chaos depuis la chute de l'ex-dirigeant du pays Mouammar Kadhafi en 2011.
Cette instabilité a entraîné une division du pays entre l'ouest, contrôlé par le GNA, et l'est contrôlé par un gouvernement rival. Chacune de ces deux factions est soutenue par une série de milices et de groupes armés qui luttent pour les ressources et les territoires.
A Tripoli, les effets de ce conflit renouvelé continuent d'affecter la population civile, a indiqué M. Salamé.
"Plus de 200 civils ont été tués et plus de 128 000 personnes ont fui leur foyer depuis le début du conflit le 4 avril dernier. Plus de 135 000 civils se trouvent encore dans les zones de front, et 270 000 autres vivent dans des zones directement affectées par le conflit", a-t-il ajouté.
Par ailleurs, la Libye est une zone de transit majeure pour les migrants d'Afrique et du Moyen-Orient se dirigeant vers l'Europe au travers de la Méditerrannée, M. Salamé a observé que ces migrants restaient encore exposés à des risques de meurtre, de torture et d'autres mauvais traitements.
Les Nations unies et leurs partenaires ont apporté une aide humanitaire à plus de 310 000 personnes cette année, a indiqué M. Salamé. "Près de 72 000 personnes ont reçu une aide alimentaire ; près de 10 000 autres ont reçu des abris ou des articles non alimentaires, tandis que près de 26 000 ont bénéficié de services de protection", a-t-il précisé.
De plus, moins de la moitié de l'appel de fonds de 202 millions de dollars américains demandé par le Plan d'intervention humanitaire en Libye a été financée jusqu'à présent, a-t-il dit, encourageant les donateurs à continuer d'aider à réduire le déficit.