Dans une interview exclusive récemment accordée à l'agence Xinhua, l'ancien ambassadeur de France en Chine Philippe Guelluy livre sa vision des relations franco-chinoises ainsi que son point de vue sur le développement des grands pays émergents et sur le "rêve chinois" prôné par le nouveau président chinois Xi Jinping.
Les deux pays doivent avant tout "rester eux-mêmes" pour renforcer leur coopération, a estimé M. Guelluy, notant que la France et la Chine "ont tendance à raisonner d'une même manière".
Quand il était l'ambassadeur de France en Chine, il a assisté à diverses reprises à des conversations franco-chinoises au plus haut niveau. Une sympathie réciproque était très perceptible. Cela n'excluait pas des remarques critiques bien entendu. Au contraire. Le bon ami c'est celui à qui vous pouvez tout dire et dont vous écoutez les avis, a indiqué Philippe Guelluy.
Selon lui, l' un des thèmes appelé à être "de plus en plus au centre du partenariat stratégique franco-chinois" est la recherche d' une "croissance durable et respectueuse de nos ressources et de notre environnement". Un domaine dans lequel "la France dispose de très grandes compétences", a-t-il souligné.
De plus, s' il existe une sphère dans laquelle les deux pays pourraient renforcer leur coopération, ce pourrait être celle du droit, a ajouté ce diplomate en poste à Beijing entre 2004 et 2006.
Il s' agit d' un domaine dans lequel "la Chine a connu une évolution spectaculaire", même s' "il y a encore beaucoup à faire", a-t-il relevé, évoquant un "fantastique domaine d'échanges et de coopération" pour les deux pays.
Sur le plan culturel, la Chine "a compris l'importance du 'soft power'", note M. Guelluy, qui parle d' "un formidable outil de rayonnement et d'influence". "La culture (...) est un volet très important, essentiel de l'action diplomatique de la France et je constate que la Chine suit la même évolution, s' est-il félicité.
Abordant l' essor des grands pays émergents comme la Chine ou le Brésil dans le contexte de la mondialisation, M. Guelluy a estimé que "cette évolution est notre chance à tous". "Encore faut-il que les Etats (...) prennent toutes les dispositions nécessaires pour que cette globalisation soit bénéfique pour tous et non pas un champ ouvert et sans contrôle à tous les opportunismes spéculatifs", a-t-il mis en garde.
Enfin, évoquant le "rêve chinois" prôné par le nouveau président chinois Xi Jinping, que ce dernier définit comme "le grand renouveau de la nation chinoise", M. Guelluy a indiqué comprendre "parfaitement son message".
"Il faut que chaque peuple ait son rêve (...), celui d'accomplir son destin. Et le destin de la Chine, c'est de redevenir elle-même. Elle est une civilisation à elle seule. Quel pays peut en dire autant ?", interroge-t-il en guise de conclusion.