L'adoption vendredi matin du projet de loi ouvrant le mariage aux couples homosexuels par le Sénat français, avant sa soumission mercredi matin à l'Assemblée nationale en deuxième lecture, a été accueillie avec joie et soulagement par la majorité parlementaire socialiste, mais décriée par une grande partie de l'opposition.
"Vous avez renforcé le pacte républicain, nous reconnaissons simplement la pleine citoyenneté des couples homosexuels", s'est réjouie la ministre française de la justice, Christiane Taubira, à l'issue du vote à main levée des sénateurs qui a scellé l' approbation du premier article du texte législatif en le jugeant " conforme".
Par conséquent, cet article fondamental de la loi, en ce qu'il ouvre le mariage et l'adoption aux couples de même sexe, peut être considéré comme définitivement adopté.
Signe d'une certaine lassitude, le gouvernement a décidé d' avancer la date de retour du texte à la chambre basse dans le cadre de la navette parlementaire, arguant que les débats à son sujet durent depuis plus de six mois. Il sera donc soumis à l' Assemblée nationale en deuxième lecture, mercredi prochain.
"Le débat démocratique a eu tout le temps nécessaire pour s' exprimer", a affirmé le président du groupe PS (Parti socialiste français), Bruno Le Roux. "Il a occupé les deux Assemblées pendant plus de 100 heures chacune", a-t-il insisté.
Mais, le sénateur UMP (Union pour un mouvement populaire, droite) et ex-Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, a toutefois mis en garde le gouvernement contre une "rupture" avec la société française.
"Vous ajoutez une rupture sociétale à une crise sociale", a-t- il déclaré, estimant que le vote de la loi n'effacerait pas cette rupture.
Le débat autour de l'adoption de cette loi autorisant le mariage homosexuel a certes suscité, contre toute attente, une forte hostilité chez une partie de la population française.
Le 24 mars dernier, un rassemblement national des opposants au mariage gay a mobilisé 300.000 personnes, selon la police, et 1,4 million de manifestants, d'après les organisateurs. Une nouvelle manifestation nationale doit avoir lieu, le 26 mai prochain.