L'armée chinoise est intervenue mercredi pour la première fois, suite à l'affaire de la collision évitée de peu entre un croiseur américain lanceur de missiles et un navire chinois en mer de Chine du Sud, affirmant que le bâtiment de guerre chinois menait des «patrouilles normales» lorsque les deux navires se sont retrouvés, et ont correctement géré la situation conformément au strict protocole.
«Les deux autorités de la défense ont été tenues informées de la situation par l'intermédiaire de plusieurs canaux usuels et effectué des communications efficaces après la rencontre», selon un communiqué sur le site internet du ministère de la Défense nationale.
Cette intervention a coïncidé avec un commentaire tout aussi discret du Pentagone lundi, qui selon les observateurs ont montré que les deux parties visaient à minimiser ce fâcheux incident et à protéger les liens militaires déjà fragiles.
La déclaration du ministère a souligné qu'il y avait de «bonnes chances» pour le développement des relations militaires sino-américaines. Les deux pays étant prêts à renforcer leur communication, garder une étroite coordination et ensemble faire des efforts pour maintenir la paix et la stabilité régionale».
Ces commentaires interviennent, après que la flotte américaine du Pacifique, ait indiqué que le croiseur lance-missiles USS Cowpens avait été contraint de prendre des mesures afin d'éviter une collision avec un navire de guerre chinois qui escortait l'unique porte-avions chinois, le Liaoning, en mer de Chine du Sud le 5 décembre.
Le porte-parole du Pentagone Steve Warren a déclaré lundi que le navire chinois s'était retrouvé à moins de 500 mètres du bâtiment américain. Mais, en soulignant que cet accident n'affectera pas leurs relations militaires.
Selon des observateurs, bien que les États-Unis mènent fréquemment des missions de reconnaissance près des côtes autour des exercices navals chinois, ce dernier cas est inhabituel, les navires de guerre étant si proches les uns des autres.
La dernière friction maritime entre les deux pays remonte en 2009 quand un sous-marin chinois était entré en collision avec le destroyer américain, l'USS John McCain.
Cao Weidong, chercheur à l'Institut de recherche des études navales de l'Armée populaire de Libération (APL), a indiqué que Beijing estime que cet incident ne devrait pas affecter les relations militaires, en particulier à la veille d'une une série d'échanges navales entre les deux deux puissances.
Les médias chinois ont rapporté mardi que malgré l'incident, la flotte de la Mer de Chine orientale se préparait à participer à la campage 2014 Rim de l'exercice naval du Pacifique (RIMPAC) à Hawaii. Une première pour la Chine de pouvoir se joindre au plus grand exercice maritime dans le monde, dirigé par les États-Unis.
Washington ne voulant pas voir cet incident prendre trop d'importance, le fait que les USA auraient dû prendre l'entière responsabilité si un accident s'était réellement produit, a indiqué l'expert de l'APL.
Les autorités maritimes chinoises ont annoncé organiser des activités militaires dans des domaines bien spécifiques de la mer de Chine du Sud, du 3 décembre au 3 janvier 2014.
«La Chine ayant émis plut tôt un communiqué, c'est bien le navire de guerre américain qui s'est mis en danger et perturbé les activités militaires de la nation par une intrusion dans les eaux de l'exercice pour surveiller les forces chinoises», a fait remarquer Cao Weidong.
En ajoutant qu'il n'y avait eu aucune confrontation : «Le navire de guerre chinois était pratiquement à l'arrêt lorsque le croiseur américain est passe près de sa poupe».
Le New York Times a rapporté que le navire chinois «s'était montré particulièrement agressif et avait coupé la route du Cowpens à une distance de moins de 180 mètres.
Le porte-avions Liaoning, qui doit encore être armé et étant utilisé comme bâtiment de formation, était notamment escorté par deux destroyers et deux frégates à l'occasion de son premier déploiement en mer de Chine méridionale.
La formation et les exercices du Liaoning, en mer jaune et de de Bohai ont été surveillés de près par les pays voisins et les USA. Son voyage inaugural en mer de Chine du Sud allait certainement attirer davantage l'attention des États-Unis, selon les experts.
Les experts et responsables chinois sont opposés depuis longtemps à une surveillance de l'armée américaine des exercices navals chinois dans la zone économique exclusive de la Chine, en insistant sur le fait que cette activité était l'un des principaux obstacles à l'approfondissement des relations militaires, et cela pourrait augmenter les risques d'affrontements.
Pour Su Hao, professeur d'études sur l'Asie-Pacifique à l'Université des Affaires étrangères de Chine, la réponse de l'armée chinoise par rapport à cet incident va aider à dédramatiser les tensions, mais également «adresser un message clair à Washington, montrant que les Etats-Unis ne poeuvent pas faire ce qu'ils veulent dans la zone économique exclusive de la Chine».
Mais les experts ont averti qu'un accident similaire pourrait se produire à nouveau et que la marine chinoise allait inévitablement rencontrer un homologue américain évoluant dans la région Asie-Pacifique.
«Les USA doivent reconnaître la force croissante et la présence de la Chine dans la région, et d'accepter un concept plus égal et d'un nouveau type concernant les relations sino-américaines», a noté Su Hao.
L'incident s'est produit sur fond de tensions en mer de Chine du Sud, où certains pays voisins ont des revendications sur certaines des îles et les eaux territoriales chinoises.
Le Secrétaire d'Etat américain John Kerry a déclaré mardi que les différends maritimes entre les pays doivent être résolus pacifiquement par voie d'arbitrage, bien que les Etats-Unis puissent prendre la parole si un pays prend des mesures unilatérales soulevant le risque d'un conflit. En réponse, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hua Chunying, a exhorté mercredi les pays à tenir leurs promesses de rester neutre sur la question de la Mer de Chine méridionale.