Hier et aujourd'hui, le président chinois Xi Jinping est en visite officielle de deux jours en Corée du Sud. Il s'agit de sa première visite dans ce pays après sa prise de fonction, et la première fois qu'il fait une visite officielle dans un seul pays. La situation actuelle en Asie du Nord-Est est de plus en plus complexe, ce qui fait que le monde entier a les yeux tournés vers cette visite.
Comment parvenir à une « conception de haut niveau » des relations bilatérales?
Le voyage en Corée du Sud de Xi Jinping est sa première visite d'un pays unique depuis qu'il est arrivé au pouvoir en2013, c'est dire si ce « traitement spécial » a suscité l'intérêt du public.
En juin de l'année dernière juin, Mme Park Geun-hye, allant à l'encontre des habitudes de la Corée du Sud, a donné la priorité, après son élection, à la Chine plutôt qu'au Japon pour la deuxième étape de sa tournée à l'étranger, et sa visite en Chine a également été l'occasion, chose rare, de deux jours consécutifs de festivités de bienvenue, qui n'ont pas manqué d'attirer l'attention. Depuis lors, Xi Jinping et Park Geun-hye ont eu deux conversations téléphoniques et se sont vus trois fois lors de rencontres multilatérales.
« Les points saillants de la nouvelle ère de la diplomatie chinoise sont sa diffusion dans le monde entier et ses modalités de coordination ; de ce point de vue, la visite de Xi Jinping a été conçue avec le plus grand soin ». Selon Gao Fei, professeur à la Faculté des Relations Internationales, les relations sino-coréennes sont, pour la diplomatie chinoise, la clé de la résolution des défis mondiaux et régionaux auxquels elle fait face.
Selon le ministère chinois des Affaires étrangères, Xi Jinping va, avec les dirigeants sud-coréens, procéder à une revue d'ensemble des expériences de base et des réalisations importantes intervenues lors de l'évolution des relations sino-coréennes, planifier les relations futures des deux pays d'un point de vue stratégique élevé, planifier avec une hauteur de vue stratégique les relations bilatérales dans l'avenir, leur donner une direction de développement claire, et fixer les tâches principales et les idées de base.
Considérant les conditions nationales actuelles de croissance et les changements constants de la situation régionale, cela vaut la peine d'attendre que les deux dirigeants s'efforcent de trouver la manière de parvenir à une « conception de haut niveau » de leurs relations bilatérales et de renforcer leur convergence stratégique.
Vers une accélération de la conclusion d'un accord de libre-échange sino-coréen ?
La Corée du Sud est un important voisin de la Chine, et bien que les deux pays n'aient seulement établi des relations diplomatiques qu'il y a 22 ans, leurs relations ont connu un développement global rapide. Parmi elles, la coopération économique et les relations commerciales entre les deux pays se sont avérées être des « points forts traditionnels ».
Selon certaines sources, lors de sa visite, le Président Xi sera accompagné d'une forte délégation économique, qui assistera aux manifestations du Forum économique, et il va de soi qu'il y aura des opportunités de développement commercial. Le Ministère chinois des Affaires Etrangères a également révélé que les deux parties vont signer toute une série de documents de coopération en matière économique, commerciale, financière, environnementale, consulaire et autres.
« L'accord de libre-échange sino-coréen est la clé du passage éventuel de leur coopération économique et commerciale à un niveau supérieur », a dit Gao Fei. Les négociations de cet accord ont officiellement commencé en 2012, et il est considéré comme une mesure clé pour approfondir les relations économiques et commerciales bilatérales. Jusqu'à présent, les deux parties se sont livrées à plus de dix cycles de négociations. Si la Chine et la Corée du Sud peuvent faire une percée dans ce domaine-clé, cela constituera de bonnes bases pour leur accord de libre-échange et le Partenariat Economique Global Régional.
Selon lui, « la visite du président Xi aidera sans aucun doute à faire progresser le processus de cet accord ».
Echanges culturels : comment la « vague coréenne » et le « vent chinois » peuvent-il se compléter?
En Asie, la Corée du Sud est l'un des pays qui a les contacts les plus étroits avec l'histoire et les sciences humaines chinoises. Au cours des dernières années, les échanges culturels sino-coréens sont devenus de plus en plus proches, constituant un facteur solide pour le rapprochement entre les deux pays.
Actuellement, dans le domaine touristique, la Chine et la Corée du Sud sont l'une pour l'autre la première destination pour les voyages à l'étranger, la plus importante source d'étudiants étrangers, et il y a plus de 850 vols hebdomadaires entre les deux pays.
Selon les statistiques, la Chine et la Corée du Sud ont signé 8 programmes d'échanges culturels couvrant de nombreux domaines de la culture, de l'éducation, des sports et de la télévision, et les organisations artistiques des deux pays effectuent plus de 200 visites mutuelles par an, concernant plus de 2 000 personnes. Et l'an dernier, parmi les touristes étrangers qui sont venus en Corée du Sud, les Chinois sont pour la première fois devenus les plus nombreux.
Les analystes estiment que la visite de Xi Jinping en Corée du Sud va encourager les échanges culturels entre les deux pays à parvenir à davantage de réalisations, ce qui amènera la « vague coréenne » et le « vent chinois » à imprégner plus profondément la culture de chacune des deux sociétés.
Selon des sources diplomatiques sud-coréennes, lors de la visite Xi Jinping en Corée du Sud, la Chine pourrait annoncer le prêt d'un couple de pandas géants à la Corée du Sud. Yang Xiyu, chercheur à l'Institut chinois des études internationales, estime que si la Chine laisse des pandas géants traverser la Mer Jaune, aller en Corée du Sud et rencontrer les habitants locaux, cela aura un rôle unique dans le renforcement de l'ambiance amicale entre les deux pays et la compréhension de la Chine par le peuple coréen.
Situation en Asie du Nord-Est : comment jouer un rôle de « stabilisateur » dans la région?
D'après certains médias, du fait de la complexité de la situation en Asie du Nord, cette visite est susceptible de causer des soupçons dans certains pays voisins. En réponse, le Ministère chinois des Affaires Etrangères a tenu à préciser que le déplacement du Président Xi n'est pas dirigé contre un quelconque pays tiers.
Qu Xing, Directeur de l'Institut chinois des études internationales, estime qu'une visite d'Etat dans un pays est tributaire des efforts conjoints des deux parties. Au cours des dernières années, les relations entre la Chine et la Corée du Sud ont connu un bon niveau de développement, leur coopération s'est approfondie, ce qui est propice à la stabilisation de la situation dans la région Asie-Pacifique.
« Les relations en Asie du Nord-Est sont liées aux intérêts nationaux fondamentaux de la Chine et de la Corée du Sud, et dans cette région, beaucoup de leurs intérêts sont entremêlés », a déclaré Wang Junsheng.
Dans cette perspective, les médias ont souligné que la situation en Asie du Nord-Est sera un autre sujet important des discussions entre Xi Jinping et Park Geun-hye.
En revanche, les plus grandes préoccupations du moment en matière de sécurité en Asie du Nord-Est sont la viabilité à long terme de la péninsule coréenne et la réémergence du Japon au cours des dernières années.
Piao Jianyi, chercheur émérite à l'Institut de recherche sur la stratégie globale en Asie-Pacifique de l'Académie chinoise des sciences sociales, pense que « Les deux pays insistent sur la réalisation de la dénucléarisation de la Péninsule coréenne, la résolution des problèmes par le dialogue et la création des conditions pour la reprise des négociations dès que possible. Quant au problème du Japon, la Chine et la Corée du Sud sont fermement opposées au négationnisme du Japon et à son embellissement de l'histoire de ses agressions, et affichent la plus extrême vigilance face à sa volonté de passer par une ‘remilitarisation' pour devenir un soi-disant ‘pays normal' ».
Selon Gao Fei également, cette visite est, pour les dirigeants chinois et sud-coréen une bonne base pour encourager davantage encore le règlement de la question. Lors de cette visite, cela vaudra la peine de se pencher sur la façon dont la Chine et la Corée du Sud vont jouer un rôle de « stabilisateur » dans la région.