Les relations entre l'Europe et l'Asie doivent être concentrées sur les projets sectoriels afin de booster la coopération, a affirmé l'ancien Premier ministre italien Romano Prodi au sujet du sommet du Dialogue Asie-Europe ( ASEM) qui se tiendra plus tard cette semaine à Milan.
"D'un point de vue général, nous pouvons dire que les relations Europe-Asie sont bonnes, les liens commerciaux et culturels étant en progression", a déclaré M. Prodi dans une interview accordée à Xinhua.
"Mais je dois également dire qu'il n'y a pas, à ce jour, une politique dont le but est de rendre les relations plus systémiques ", a-t-il ajouté.
Quand M. Prodi, grand partisan de l'intégration européenne, était à la tête de la Commission européenne entre 1999 et 2004, douze Etats membres ont abandonné leurs devises nationales pour adopter l'euro et l'Union européenne (UE) a intégré plusieurs autres pays.
Aujourd'hui, malheureusement de nombreuses opportunités de collaboration entre les deux continents sont entravées par des obstacles politiques, a-t-il poursuivi. Les divisions internes en Europe ainsi que les tensions entre différents pays asiatiques rendent difficile l'avancée des politiques étrangères communes et les grands projets.
M. Prodi a toutefois fait remarquer que malgré ces obstacles, les relations économiques entre l'Europe et l'Asie ont continué de s'améliorer.
"De grands pas ont déjà été faits et le potentiel pour de plus grands est là", a-t-il souligné, ajoutant que les volumes commerciaux entre l'Europe et l'Asie sont plus grands que ceux entre l'Europe et les Etats-Unis.
Selon M. Prodi, les "projets sectoriels" pourraient aider à renforcer la collaboration politique entre les nations.
M. Prodi a insisté sur la nécessité de concerter les efforts communs sur les projets des secteurs scientifiques et culturels.
"Les pays asiatiques ont atteint des niveaux technologiques beaucoup plus élevés qu'il y a quelques années", a expliqué M. Prodi à Xinhua.
Il a notamment souligné que la Chine est entrée dans une nouvelle phase de développement axée sur la technologie dans laquelle l'internationalisation des entreprises chinoises peut être plus facile en Europe qu'aux Etats-Unis.
Selon lui, ce serait le bon moment pour lancer les initiatives communes prévues entre les universités chinoises et européennes dans de nombreux nouveaux secteurs tels que la biotechnologie et la recherche spatiale, qui, à un stade ultérieur, pourrait être le moteur d'une approche plus systémique.
M. Prodi a qualifié de "grande révolution" l'initiative de la Chine de construire une ceinture économique de Route de la Soie et une Route de la Soie maritime du 21e siècle. Il a déclaré que le projet, qui réunit les routes maritimes, ferroviaires et aériens à travers l'Europe et l'Asie, peut être important pour stimuler le changement, s'il est bien mis en oeuvre.
Le 10e sommet de l'ASEM se tiendra les 16 et 17 octobre à Milan. Les dirigeants européens et asiatiques vont échanger de vues et évalueront la situation actuelle lors du prochain sommet. " J'attends de l'ASEM un coup de pouce pour une atmosphère de coopération et de compréhension", a déclaré M. Prodi.
"Nous parlons toujours de la mondialisation. Mais les tentatives de réaliser une mondialisation totale sont très difficiles et complexes, tandis que la collaboration interrégionale comme dans le cas de l'ASEM est plus concrète et peut donner de meilleurs résultats par rapport à un concept de coopération mondiale", a-t-il conclu.