La Chine est sur le point de mettre en place une base de données concernant les fonctionnaires corrompus qui ont fui à l'étranger, a déclaré mardi le ministère de la Sécurité publique.
Cette décision intervient alors que plus de 150 fuyards se sont rendus avant la date limite du 1 décembre suite à la grande campagne anti- corruption «La chasse aux tigres 2014», se voyant accorder une peine plus clémente, selon le ministère.
La campagne, lancée par le ministère au mois de juillet, vise à la capture des fugitifs économiques à l'étranger et la confiscation de leurs biens acquis illégalement.
Le 10 octobre dernier, les ministère des Affaires étrangères et de la Sécurité publique, le Parquet populaire suprême ainsi que la Cour populaire suprême ont publié une déclaration commune demandant aux fugitifs économiques de revenir en Chine et de confesser leurs crimes.
Soulignant que ceux qui se rendraient aux autorités avant le 1 décembre 2014 se verraient condamnés à des peines plus légères.
D'après le ministère de la Sécurité publique (MPS), depuis dimanche, la police chinoise a interpellé 335 fugitifs soupçonnés de corruption pour subir un procès. A noter la capture de 181 d'entre eux, et 154 qui se sont rendus. La police a également confisqué des avoirs illicites.
Au cours des dernières années, les responsables chinois corrompus ont rejoint notamment les Etats-Unis, les Canada, l' Australie, ou certains pays d'Asie du Sud-Est et européens pour éviter les sanctions.
Ils ont transféré une foule d'avoirs frauduleusement perçus à l'étranger, ont noté les autorités. Ajoutant que depuis la fin de l'année dernière, plus de 150 fonctionnaires corrompus étaient toujours en liberté aux USA, avec des milliards de yuans envoyés illégalement dans ce pays à travers le blanchiment d'argent et les banques souterraines.
«Un certain nombre de fonctionnaires vont bientôt être jugés», a déclaré Liu Dong, directeur adjoint du Bureau d'enquête sur les crimes économiques du MPS.
Les tribunaux devront également définir comment traités les biens saisis, après le jugement des suspects, a-t-il précisé.
Ces derniers jours, la Chine a renforcé la coopération judiciaire avec les pays d'outre-mer pour arrêter les fuyards et récupérer leurs gains.
Le mois dernier, le président Xi Jinping avait souligné lors de séminaires internationaux, la nécessité de chasser les fugitifs et de confisquer leurs biens.
A l'occasion de la réunion de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC) qui s'est tenue à Beijing début novembre, les responsables présents ont convenu de mettre en place un réseau de coopération d'application de la loi pour lutter contre la corruption des fonctionnaires.
A l'issue du dernier Sommet australien à Brisbane, les dirigeants du G20 adopté le Plan d'action anti-corruption 2015-16 et se sont engagés à renforcer la coopération et la mise en place de plusieurs réseaux pour lutter contre ce fléau.
En Chine, l'Observatoire anti-corruption et les autorités judiciaires s'activent pour mettre en place une base de données pour tracer les Tigres corrompus qui fuient à l'étranger.
«La base de données sera officiellement publiée pour recevoir des rapports du public dans le pays et à l'étranger», a expliqué Huang Shuxian, chef adjoint de la Commission centrale d'inspection disciplinaire du Parti communiste chinois (PCC).
La Chine devrait permettre également d'accélérer les négociations et signer des traités avec d'autres pays, y compris les traités d'extradition bilatéraux ou des accords sur le partage des avoirs frauduleux qui sont confisqués.
Huang Feng, professeur de droit à l'Université normale de Beijing a notamment indiqué que la Chine allait également renforcer la coopération judiciaire avec des pays comme les Etats-Unis, le Canada et l'Australie dans le but de signer des traités d'extradition, pour une amélioration de l'entraide judiciaire et de la lutte contre le blanchiment d'argent.