La Chine va jouer un rôle de premier plan parmi les pays émergents et en voie de développement, en particulier dans la région de la Ceinture économique de la Route de la Soie, a déclaré un expert britannique lors d'une récente interview accordée à Xinhua.
Le rôle important que joue la Chine en tant que l'un des moteurs de la croissance de l'économie mondiale perdurera, a souligné Kamel Mellahi, professeur de l'Ecole de commerce de Warwick au Royaume-Uni.
UNE REFORME ECONOMIQUE
Le gouvernement chinois a fixé un objectif clair et modéré pour la transformation de son modèle de développement économique, caractérisé autrefois par une forte croissance économique, au modèle marqué par une croissance équilibrée et plus durable, a déclaré M. Mellahi. Cette transformation est soutenue par une forte structure de gouvernance, avec moins de corruption, moins de pollution, ainsi qu'une culture d'entreprenariat et d'innovation.
M. Mellahi a souligné que le rééquilibrage de l'économie apporterait de nouveaux défis et opportunités.
"Ce nouveau modèle économique permet aux entreprises chinoises d'explorer la base vaste et en plein essor des consommateurs chinois, ainsi qu'à libérer la capacité d'innovation du pays. Il peut aussi aider pour répondre à certains des défis les plus pressants auxquels la Chine est confrontée, tels que la pollution de l'air", a analysé M. Mellahi.
Cependant, les défis demeurent énormes. Rééquilibrer une économie est un processus rempli d'incertitudes. La Chine doit faire face à d'importants obstacles à sa croissance économique, tels que le risque de déflation, la demande mitigée des consommateurs, et le manque d'enthousiasme des grandes sociétés, a-t-il fait remarquer.
"Les réformes sont pleines de défis, difficiles à appliquer, et elles prendront un certain temps pour porter leurs fruits. Toutefois, tant que le gouvernement chinois réussira à créer suffisamment de nouveaux emplois, le ralentissement de l'économie ne sera pas vu comme débouchant sur de gros problèmes", a-t-il indiqué.
Le professeur a suggéré que le gouvernement chinois assouplisse non seulement son emprise sur certains leviers clés de l'économie, mais déloge aussi quelques barrières cachées aux changements, ou ce que le gouvernement appelle "les tigres" sur la route.
LA STRATEGIE BAII
Quant à la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (BAII), M. Mellahi a souligné que cela fait partie d'une stratégie globale et complexe destinée à moderniser l'Asie dans son ensemble et aider à construire des infrastructures indispensables.
C'est une stratégie gagnant-gagnant avec des résultats durables. La Chine pourrait indubitablement tirer de grands profits en améliorant la connectivité physique en Asie. En même temps, les pays et les régions pourront profiter de la capacité de financement de la Chine ainsi que de sa forte capacité dans la construction d'infrastructures de transport, a affirmé M. Mellahi.
Cela explique que le soutien fort dont bénéficie la stratégie provient non seulement des pays et des régions asiatiques, mais aussi d'un grand nombre de pays et de régions à travers le monde.
"A long terme, cette stratégie ne transformera pas seulement la région Asie-Pacifique, mais aura un impact profondément positif sur l'Eurasie, le Moyen-Orient et une partie importante de l'Afrique", a estimé M. Mellahi.
Par ailleurs, le professeur a mis l'accent sur le fait que la BAII sera un complément et non un rival aux institutions financières existantes.
Il est peu probable que la création de la banque fasse se déplacer le centre de gravité de l'économie mondiale, de l'Occident à l'Asie, mais elle aidera à transformer la région en une puissance économique très connectée, a-t-il confié à Xinhua.
"La BAII est unique et complète les institutions existantes. Elle va être la force motrice de la connectivité régionale. La région de la Ceinture économique de la Route de la soie a besoin d'une institution forte entièrement dédiée à la connexion de la région par le développement des infrastructures régionales, a conclu M. Mellahi.