Les dernières décennies ont marqué une accélération du développement de la coopération sino-africaine dans divers domaines, et ce en dépit des théories fantaisistes de certains observateurs occidentaux.
Les théories sur les relations sino-africaines de ces dernières années évoquant un "néo-colonialisme", une "diplomatie des ressources" ou encore une "diplomatie du béton" n'ont pas pris en Afrique, car ces critiques et points de vue n'étaient de toute évidence pas pertinentes.
La Chine a ainsi été décrite comme pillant les matières premières en Afrique, en particulier le pétrole. Il est certes vrai que le pétrole africain constitue une part importante des exportations vers la Chine. Mais l'argument est fallacieux.
Ces dernières décennies, les Etats-Unis étaient le plus grand consommateur de pétrole africain au monde, important plus d'un quart du total des exportations du continent jusqu'en 2010, année à laquelle Washington a commencé à encourager la production de pétrole de schiste dans le pays.
Selon l'Agence d'information sur les énergies (Energy Information Administration, EIA) du gouvernement américain, la Chine importe 22% du pétrole d'Afrique subsaharienne. Les Etats-Unis ont commencé à diminuer les importations de pétrole d'Afrique subsaharienne avec 13% en 2012 contre 28% pour l'Europe.
Quant à la "diplomatie du béton", cette affirmation ne mérite même pas d'être réfutée, car la faiblesse des fondations économiques et l'insuffisance des fonds de construction ont été des facteurs ayant entravé le développement des pays africains pendant des années.
Les investissements de la Chine ne sont en aucun cas une menace pour les intérêts occidentaux en Afrique. Des nos jours, les intérêts des pays s'entrecroisent toujours.
Le Royaume-Uni a décidé en mars de rejoindre la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (BAII) proposée par la Chine, et Downing Street a estimé que sa décision était "dans l'intérêt national du Royaume-Uni". D'autres puissances occidentales telles que la France, l'Allemagne et l'Italie ont également manifesté leur intention de rejoindre ce mécanisme de financement.
De même, une Afrique sécurisée, stable et prospère est également dans l'intérêt de la Chine, de l'Occident et du reste du monde. Malgré la nécessité d'une concurrence saine, il y a plus d'espace pour la coopération que pour la concurrence en Afrique entre la Chine et l'Occident.
La Chine et l'Occident doivent s'attacher à aider l'Afrique à améliorer ses infrastructures, à combler le grand manque d'emplois et de compétences dans un contexte de fort accroissement de la population et à faire face aux menaces de sécurité persistantes.
L'Afrique est aujourd'hui un continent de plus en plus intégré à la suite de la création d'une zone de libre-échange commercial tripartite regroupant 26 pays.
Cependant, le continent est confronté à un manque d'investissements dans les infrastructures, malgré les investissements croissants de la Chine. Selon la Banque mondiale, 93 milliards de dollars supplémentaires seront nécessaires chaque année au cours de la prochaine décennie pour combler le déficit des infrastructures en Afrique, certains bailleurs de fonds ayant retiré leurs soutien au secteur des transports africain.
L'Afrique a déjà retiré des avantages de l'engagement de la Chine. Les ponts, routes et chemins de fer construits par les entreprises chinoises contribuent à promouvoir le commerce intra-africain et à favoriser l'intégration du continent dans l'économie mondiale.
Le transfert de savoir-faire est un élément essentiel au développement durable et à la réduction de la pauvreté en Afrique, un continent qui compte un nombre élevé de jeunes chômeurs.
La faible base industrielle de l'Afrique est dans une large mesure à l'origine de la diminution du volume des échanges commerciaux entre le continent et l'Occident depuis des années, malgré des accords de préférence unilatérale.
Depuis 2000, les échanges des Etats-Unis avec le continent sont dictés par la Loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (AGOA), un mécanisme qui permet aux pays d'Afrique subsaharienne d'exporter sans droits de douane vers la première puissance économique mondiale.
Pourtant, ces échanges accusent une baisse depuis 2011. Selon des statistiques, le volume des échanges bilatéraux est passé de 125 milliards de dollars en 2011 à 99 milliards en 2012 et à 85 milliards en 2013. Cette baisse est intervenue à la suite de la réduction par les Etats-Unis de leurs importations de brut en provenance d'Afrique après avoir encouragé la production de pétrole de schiste sur leur territoire en 2010.
Il n'en va pas de même pour le commerce sino-africain. Le volume des échanges commerciaux bilatéraux a dépassé pour la première fois les 200 milliards de dollars en 2013 et la Chine a été le plus important partenaire commercial de l'Afrique ces cinq dernières années.
Fin 2012, les investissements directs de la Chine en Afrique ont atteint près de 20 milliards de dollars, dont 75% ont été affectés à des secteurs tels que la finance, la transformation et la production, les services liés au commerce, l'agriculture et les transports. Les apports de la Chine dans l'industrie manufacturière africaine concernent les raffineries de sucre, le verre, la fourrure, les gélules médicales, les usines automobiles, le textile, et la fabrication de tuyaux en acier.
Un exemple de coopération entre la Chine et l'Occident existe déjà dans la coopération en matière d'aide humanitaire à l'Afrique.
Dans le cadre de la lutte contre l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest, la Chine a envoyé trois avions charters transportant des fournitures d'aide au Liberia en octobre dernier et les troupes américaines présentes à l'aéroport leur ont porté assistance en envoyant un certain nombre de chariots élévateurs pour aider à débarquer la cargaison.
En outre, les investissements et le personnel chinois en Afrique étant confrontés à des risques sécuritaires, la Chine s'investit davantage dans la lutte contre la piraterie et dans les missions de l'ONU sur le continent.
En tout état de cause, décrire la Chine comme une menace ne permettra pas nécessairement à l'Occident d'améliorer sa position en Afrique. Pour forger des liens économiques robustes avec une Afrique stable et prospère, l'Occident devra explorer plus sérieusement son potentiel de coopération avec la Chine.