Le Premier ministre chinois Li Keqiang effectuera une visite officielle au Brésil, en Colombie, au Pérou et au Chili du 18 au 26 mai, une tournée qui vise à renforcer l'amitié traditionnelle et la coopération économique et commerciale entre la Chine et l'Amérique latine.
La visite, qui représente une nouvelle opération diplomatique importante de la Chine après la tournée du président Xi Jinping dans cette même région en 2014, visera notamment à promouvoir la coopération bilatérale industrielle, à renforcer la confiance politique et à approfondir les échanges dans le domaine culturel et entre les personnes.
La coopération dans la finance, la technologie, l'aérospatial, les infrastructures et d'autres secteurs émergents devrait être mise en avant lors de la visite de M. Li, au-delà des sphères traditionnelles de coopération que sont les ressources minérales, l'énergie et l'agriculture.
"La Chine et l'Amérique latine ont principalement coopéré dans les secteurs des ressources minérales, des matières premières et des produits agricoles par le passé, mais avec la restructuration économique de la Chine, la situation devrait évoluer, ce qui contribuera à équilibrer le développement économique et commercial bilatéral", a déclaré Xu Shicheng, un chercheur sur l'Amérique latine de l'Académie chinoise des sciences sociales.
Le renforcement de la coopération dans la capacité industrielle consiste principalement à déplacer les lignes de production d'un pays à un autre ou à ouvrir des usines et des parcs industriels avec des partenaires locaux en embauchant majoritairement des employés locaux.
La Chine s'engage à diversifier et à optimiser la structure de ses échanges commerciaux avec les pays d'Amérique latine afin d'exporter des équipements et des technologies de pointe et d'importer davantage de produits à forte valeur ajoutée.
Jorge Castro, directeur de l'Institut de planification stratégique et expert des relations sino-argentines, a indiqué que les investissements chinois dans l'industrie manufacturière de l'Amérique latine avaient déjà commencé à croître.
Ainsi, au Brésil, la Chine a investi plus de 10 milliards de dollars dans le secteur, a-t-il souligné.
China CNR Corporation Ltd, l'un des plus grands constructeurs de trains et d'équipement ferroviaire de Chine, a commencé une étude de marché en Amérique latine en 2004 et obtenu des commandes pour 100 rames automotrices électriques, un type de train interurbain à grande vitesse et 34 rames de métro pour Rio de Janeiro au cours des six dernières années.
Parmi les nombreuses entreprises chinoises ayant des intérêts dans le marché brésilien, BYD, un fabricant de véhicules électriques et de panneaux solaires, est prêt à entrer sur le marché de l'autobus électrique.
De fait, la coopération en matière de capacité industrielle, de la construction du métro de Rio pour les Jeux Olympiques à celle d'un réseau d'électricité à ultra-haute tension, de centrales hydroélectriques au chemin de fer reliant le Pacifique à l'Atlantique, est déjà devenue un nouveau domaine de croissance de la coopération entre la Chine et l'Amérique latine.
Lors de sa visite, M. Li devrait notamment prendre le métro de Rio pour découvrir ce produit d'exportation chinois et visiter une exposition sur l'industrie chinoise de fabrication d'équipements.
La visite de M. Li vise aussi à accroître la complémentarité économique entre la Chine et le Brésil, la Colombie, le Pérou et le Chili, qui sont des pays importants d'Amérique latine et les principaux partenaires économiques et commerciaux de la Chine dans la région.
La Chine est déterminée à élargir et à approfondir la coopération avec ces pays dans tous les domaines et à construire une communauté Chine-Amérique latine unie par un même destin.
Depuis la crise financière de 2008, la croissance économique de l'Amérique latine a rencontré des obstacles. A présent, la région accélère le pas en entreprenant des ajustements industriels, mais elle fait face à des difficultés majeures liées au manque de fonds, de technologie et d'expérience.
La Chine, qui possède ces ressources et est entrée dans une phase plus avancée d'industrialisation qualifiée de "nouvelle normalité", est complémentaire avec les pays d'Amérique latine.
Cette coopération est un scénario gagnant-gagnant. L'Amérique latine a besoin d'équipements chinois de pointe et pratiques ainsi que d'une capacité industrielle fiable pour promouvoir la construction des infrastructures au stade actuel, donnant à la Chine un nouvel élan.
"Pour les pays d'Amérique latine, l'introduction d'équipements et de technologies de qualité à prix concurrentiel venus de Chine pourrait contribuer à renforcer leurs économies et à améliorer leurs industries", a déclaré Chen Fengying, chercheuse à l'Institut chinois des relations internationales contemporaines.
Les deux parties jouissent d'un grand potentiel de coopération dans la construction d'infrastructures, en particulier de chemins de fer à grande vitesse, dans l'industrie manufacturière, le commerce électronique et la construction de parcs industriels, a-t-elle ajouté.
D'autre part, l'expérience de la Chine dans la gestion des inégalités et dans la diversification de l'économie est utile pour les pays d'Amérique latine et peut être appliquée à leur développement, a souligné Mario Pezzini, directeur du Centre de développement de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques).
La coopération dans le domaine de la capacité industrielle est largement saluée par de nombreux pays. Un exemple récent est la signature de 33 accords sur la coopération en matière de capacité industrielle d'une valeur de 23,6 milliards de dollars entre la Chine et le Kazakhstan lors de la visite en Chine du Premier ministre kazakh Karim Masimov en mars.