"Je suis très confiant quant à l'avenir de la Chine", a déclaré le secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Angel Gurria, dans une interview exclusive accordée récemment à Xinhua, exprimant aussi son soutien ferme aux réformes économiques de la Chine.
La Chine se portera mieux avec une croissance économique d'environ 7% qu'avec une croissance de11%, "car comme nous aimons le répéter tout le temps, lorsque l'on croît à une vitesse casse-cou, on peut se casser le cou", a noté M. Gurria.
Il est bien évident que la Chine ne peut pas maintenir une croissance à deux chiffres trop longtemps, car cela créerait des distorsions et des bulles dans l'économie, a indiqué le chef de l'OCDE avant de souligner qu'il était "extraordinaire" que la Chine ait pu le faire pendant 25 à 30 ans.
Le monde est en train de sortir d'une crise économique grave et très longue. A l'heure où les Etats-Unis, l'économie la plus performante, ne réaliseront qu'une croissance de 2% cette année et où les économies de tous les membres de l'Union européenne à l'exception de la Grèce commencent tout juste à reprendre, l'économie de la Chine ne peut s'accroître toute seule, a déclaré le numéro un de l'OCDE.
"Si vous ramez avec le courant, le courant vous portera. Si vous ramez à contre-courant, ce qui est le cas lorsque nous sommes en récession, il est plus difficile de générer de la croissance", a souligné M. Gurria, expliquant la nécessité de mener des réformes économiques en Chine.
La capacité de la Chine à mettre en œuvre des réformes économiques ne devrait pas être remise en question, car le pays a de l'épargne, des investissements, des institutions, du personnel de talent et "une base financière très solide" qui lui permettent de lancer les réformes structurelles nécessaires, a indiqué le secrétaire général.
"Nous sommes convaincus que la Chine pourra aller dans ce sens. La Chine peut organiser son processus de transition économique, mais aussi de transformation sociale et prendre également soin de l'environnement dans ce processus", a-t-il déclaré.
Une fois que la Chine sera passée d'un modèle fondé sur les investissements et l'exportation à un modèle fondé sur les connaissances, les services et la demande intérieure, les Chinois pourront plus dépenser et leur niveau de vie s'améliorera, a indiqué M. Gurria.
L'OCDE a souligné à plusieurs reprises cette année que la Chine accomplissait des progrès dans sa réforme structurelle.
Ainsi, le rapport "Perspectives économiques" de l'OCDE publié début juin a indiqué que l'"ajustement ordonné vers une 'nouvelle normalité' était en cours" en Chine. Un autre rapport publié en mars intitulé "Objectif croissance" a souligné que "les progrès [des réformes chinoises] étaient visibles dans tous les domaines prioritaires".
L'OCDE SOUHAITE RENFORCER SA COOPERATION AVEC LA CHINE
La coopération entre l'OCDE et la Chine s'est diversifiée et est devenue bien plus complexe et interactive au cours des 20 dernières années depuis la création du partenariat mutuel en 1995, a indiqué M. Gurria, qui a exprimé l'espoir de renforcer la coopération avec la Chine.
"Le niveau de confiance et de compréhension mutuelles est beaucoup plus élevé à présent. Maintenant, nous avons trouvé de meilleurs moyens de définir les priorités de la Chine afin de mieux aider la Chine dans ses choix politiques", a indiqué le secrétaire général de l'OCDE.
"Nous ne disons pas à la Chine ce qu'elle doit faire concernant ses affaires : les Chinois savent ce qu'ils ont à faire avec leur pays", a-t-il expliqué avant de préciser que l'OCDE se contentait de partager avec la Chine les bonnes et mauvaises expériences des autres pays dans des domaines tels que l'agriculture, l'éducation ou encore la science.
"Bien sûr, nous ne nous attendons pas à ce que les Chinois partagent nos conclusions, du moins pas complètement, mais nous espérons qu'ils les trouveront utiles", a indiqué M. Gurria. Le dialogue entre l'OCDE et la Chine est fructueux et rapproche les deux parties et l'OCDE se félicite de recevoir le Premier ministre chinois le 1er juillet, a-t-il ajouté.
L'OCDE souhaite également recueillir les expériences de la Chine qui lui ont permis de se développer extrêmement rapidement et d'organiser la transition de son modèle économique, des réalisations "tout à fait uniques compte tenu de la situation et de la taille de la Chine", et de les partager avec d'autres pays en développement, a indiqué le secrétaire général, qui a conclu qu'une telle démarche profiterait à tous.
Officiellement créée le 30 septembre 1961, l'OCDE compte actuellement 34 pays membres. Guidée par sa devise "Des politiques meilleures pour une vie meilleure", l'OCDE organise de nombreux dialogues et diligente un grand nombre d'études chaque année pour formuler des suggestions visant à améliorer les politiques gouvernementales.