Ces volontaires français de la guerre de résistance contre le Japon que la Chine n'oubliera jamais

En commémorant la journée du 70e anniversaire de la victoire dans la guerre de résistance contre l'invasion japonaise, le peuple chinois chérit la mémoire de ses ancêtres qui ont participé à cette lutte sanglante, exprimant la volonté de garantir pleinement la paix dans le monde, mais ils n'oublient pas non plus de rendre hommage aux étrangers qui ont apporté leur aide au peuple chinois pendant la guerre. Outre des noms familiers comme le Canadien Norman Béthune, l'Indien Dwarkanath Kotnis, l'Allemand John Rabe, et l'Américain Claire Lee Chennault, les Chinois n'ont également jamais oublié deux Français. Ce sont Robert Jacquinot de Besange, qui établit la zone de protection des réfugiés de Nanshi lors de l'invasion de Shanghai par l'armée japonaise, et Jean Jérôme Augustin Bussière, médecin en Chine pendant près de 40 ans, qui aida à transporter des médicaments pour la VIIIe Armée de Route pendant la guerre.

Robert Charles Emile Jacquinot de Besange (1878-1946) est né en Lorraine, dans l'Est de la France. Ayant rejoint les Jésuites jeune, il obtint son diplôme après avoir été moine au Royaume-Uni et en Belgique. Il partit en 1913 en mission à Shanghai. Le 31 août 1937, ce fut l'attaque japonaise sur Shanghai. Bombardant la ville, les troupes japonaises se livrèrent à l'incendie et au pillage, amenant un grand nombre de civils à fuir. En novembre de la même année, Robert Jacquinot de Besange créa à Shanghai, entre Fangbang Road et Minguo Road, une zone de protection des réfugiés civils en temps de guerre, la Zone Jacquinot, qui assura la protection de plus de 300 000 réfugiés chinois jusqu'en juin 1940. Il mit ensuite en place des zones de sécurités à Guangzhou, Hankou et d'autres endroits, venant en aide à des réfugiés chinois. Ce type de zone de protection mis en place par Robert Jacquinot de Besange pour protéger les civils a directement contribué à la révision de la Convention de Genève intervenue après la guerre, intégrant les dispositions relatives à la protection des civils en temps de guerre. Après la Seconde Guerre mondiale, Robert Jacquinot de Besange est parti en Allemagne pour y aider les réfugiés allemands, où il mourut d'épuisement à la tâche.

Statue de Robert Charles Emile Jacquinot de Besange (Photo : Xinhua)

Jean Jérôme Augustin Bussière (1872-1960) est né dans la Creuse, au centre de la France. Lui aussi arriva en Chine en 1913. D'abord affecté au service médical de l'ambassade de France en Chine, puis médecin à l'hôpital français, il devint, lors de la fondation de l'université sino-française en 1920, directeur de l'établissement, professeur et médecin scolaire. Ayant vécu en Chine pendant plus de quarante ans, il quitta Beijing pour revenir en France en 1954. Pendant la guerre antijaponaise, indifférent envers sa vie ou à sa mort, il assura le transport sur les champs de bataille, en vélo ou en voiture, de médicaments dont la Huitième Armée de Route (la résistance armée chinoise dirigée par le PCC) avait le plus urgent besoin ; il assura la protection de jeunes étudiants patriotes, de cadres du Parti communiste, et d'étrangers jusqu'aux bases de lutte antijaponaises, et prodigua des soins médicaux gratuits tant aux militaires qu'aux civils. Lors de sa visite en France en 2014, le président chinois Xi Jinping, a déclaré : « Nous n'oublierons pas les importantes contributions de nombreux amis français au développement de diverses missions en Chine. Parmi eux, un n'a pas hésité à risquer sa vie pour ouvrir une voie de secours à vélo, apportant de précieux médicaments jusqu'aux bases de lutte antijaponaises, Jean Jérôme Augustin Bussière, médecin en Chine ».

Jean Jérôme Augustin Bussière (Photo d'archive)

Il est intéressant de noter que ces deux hommes sont tous les deux arrivés en Chine en 1913, et que l'un comme l'autre étaient amoureux de la Chine et de sa culture, et qu'ils se sont impliqués dans les opérations de secours humanitaires en faveur du peuple chinois pendant la guerre. Mais hélas, ils étaient modestes, et ils n'ont pas laissé d'œuvres permettant de bien se souvenir de leur vie en Chine. Cela fait que, sauf pour ceux présents à l'époque, peu de gens connaissent ce qu'ils ont fait. Mais cela n'empêche pas que de très nombreux Chinois ne les ont jamais oubliés. Même des dizaines d'années plus tard, leurs contributions sont toujours connues des 1,3 milliard de Chinois.

Qu'est-ce qui a poussé ces hommes à faire ce qu'ils ont fait ? On pense notamment à Jean Jérôme Augustin Bussière, qui a pris des risques considérables. J'estime pour ma part que cela vient de leur sympathie pour les causes justes et de leur large esprit de fraternité. Car sans cela, il leur eût été impossible d'apporter de pareilles contributions. Je me souviens que parmi les souvenirs laissés par Jean Jérôme Augustin Bussière figure une photo : on le voit accoudé à la rambarde d'un pont de pierre, l'air joyeux, et à côté, un mur de clôture gravé avec quatre caractères signifiant « Pont Bussière ». On dit que le pont a été construit près de l'Ecole moyenne Wenquan, là où habitait Jean Jérôme Augustin Bussière. Parce que les enseignants et les élèves de l'école se tournaient souvent vers lui quand ils étaient malades, et qu'il les traitait avec le plus grand soin, l'école, afin de le remercier, construisit un pont dans le village de Wenquan, et tant les enseignants que les étudiants prirent l'habitude d'appeler le pont par son nom. Ce pont est comme un symbole : il est comme le docteur Bussière et le père de Besange qui, par amour pour la Chine, ont construit un pont solide pour l'amitié sino-française.

Aujourd'hui, de plus en plus de chercheurs et de gens des médias chinois commencent à être intéressés par l'histoire des relations sino-françaises. Les contributions historiques apportées par des Chinois et des Français à l'amitié entre la Chine et la France sont de mieux en mieux présentées et étudiées. Pour commémorer Robert Jacquinot de Besange, les archives audiovisuelles de Shanghai ont ainsi produit un documentaire historique intitulé « Robert Jacquinot de Besange et la protection des réfugiés en temps de guerre », et pour commémorer Jean Jérome Augustin Bussière, CCTV a également produit un documentaire en quatre parties intitulé « Histoire du Jardin Bussière », qui sera bientôt diffusé.

La contribution de ces Français aux idéaux élevés à la guerre de résistance du peuple chinois contre l'invasion du Japon ne sera jamais oubliée. Leur caractère noble et leurs bonnes actions resteront à jamais glorieux.