Dernière mise à jour à 14h32 le 25/09
La première visite d'Etat aux Etats-Unis du président chinois Xi Jinping devrait permettre de définir les voies et les moyens de renforcer la coopération bilatérale sino-américaine, estime Cheick Oumar Coulibaly, spécialiste des relations internationales.
Ce diplomate malien en poste à Bruxelles (Belgique) estime que la Chine et les Etats-Unis, "les deux plus grands géants économiques du monde", discuteront de leurs intérêts stratégiques respectifs.
La visite du président Xi Jinping intervient au moment où la communauté internationale est sur le point d'adopter les Objectifs de développement durable 2015-2030 (ODD) qui succéderont aux OMD (Objectifs du Millénaire pour le développement) adoptés en 2000. Cette visite offre donc l'opportunité aux Américains et aux Chinois de s'accorder sur la manière dont ils pourraient "contribuer à lutter plus efficacement contre la pauvreté et à promouvoir un développement économique et social à l'échelle planétaire dans le cadre des ODD", a-t-il indiqué.
La visite de Xi Jinping à la Maison Blanche intervient également à l'approche de la Conférence de Paris (France) sur le climat qui se tiendra fin 2015. A quelques semaines de ce rendez-vous "crucial pour l'avenir du monde", force est de reconnaître que les Etats parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP21) sont loin de s'orienter vers l'objectif d'un accord global, ambitieux et contraignant tel que le souhaite l'ONU.
"Les entretiens bilatéraux entre Barack Obama et Xi Jinping ne pourront pas occulter cette préoccupation, d'autant plus que les orientations politiques qui en résulteront seront un viatique pour les négociateurs des deux pays à cette conférence", estime de son côté Alhassane Mohamed Maïga, consultant indépendant en relations internationales.
Enfin, "cette visite d'Etat du président chinois aux Etats-Unis intervient dans le climat de détente né de la conclusion de l'accord sur le nucléaire iranien et le rétablissement des relations diplomatiques américaines avec Cuba. Ce dernier est, avec l'Iran, un partenaire stratégique de la Chine", a rappelé M. Coulibaly.
Pour le jeune diplomate, "ces succès diplomatiques à l'actif du président Barack Obama" pourraient "influer positivement" sur l'atmosphère des négociations sino-américaines.
"L'état d'esprit conciliant dans lequel se trouve le président Barack Obama pourrait permettre de centrer les discussions sur des dynamiques constructives et avantageuses pour les deux grandes économies mondiales qui, en dépit du réflexe de compétition qui les caractérise, sont intimement liées et complémentaires, pour tirer la croissance mondiale vers le haut", analyse Cheick Oumar Coulibaly.
Pour Fousseyni Camara, intellectuel et bloggeur, un rapprochement entre la Chine et les Etats-Unis est incontestablement "un atout précieux pour l'équilibre, la stabilité et la paix dans le monde et plus singulièrement pour le continent africain".
Selon cet observateur qui s'intéresse aux questions de développement au Mali et en Afrique, le monde gagnerait beaucoup à voir un rapprochement entre la Chine et les Etats-Unis d'une part et la Chine et la Russie d'autre part, car la Chine peut amener ces deux grandes puissances à nouer des "relations appropriées et apaisées" grâce à "sa position privilégiée".
En tant que présidents d'Etats membres du Conseil de sécurité disposant du droit de veto, Xi Jinping et Barack Obama aborderont sans doute la crise des réfugiés en Europe (conséquence des crises syrienne et irakienne), la guerre en Ukraine et le rôle de l'armée russe ainsi que les crises politico-sécuritaires sur le continent africain, selon les analystes. Sur ce dernier point, les Américains et les Chinois ne peuvent passer sous silence l'instabilité chronique en Afrique et la menace terroriste en Libye, au Sahel, dans le bassin du lac Tchad et dans la Corne de l'Afrique, où pullulent des groupes narcoterroristes affiliés à al-Qaïda et à l'Etat islamique tels que Boko Haram.
Certes, il ne faut pas s'attendre à des "annonces spectaculaires" concernant l'Afrique sur les plans politique et économique, selon MM. Coulibaly et Maïga. Mais au regard de "leurs responsabilités internationales respectives et des intérêts géostratégiques croissants de la Chine sur le continent africain", les questions africaines pourraient être envisagées au "gré des intérêts bien compris de chaque partie".
Selon M. Camara, ce rapprochement pourrait être profitable à l'Afrique si les Américains et les autres puissances industrielles s'inspiraient des relations sino-africaines.
"L'Afrique aime la Chine de Mao et de Confucius pour son art, sa culture et ses traditions millénaires. La Chine est un grand pays qui nous respecte", assure-t-il.
Comme M. Camara, beaucoup d'observateurs pensent qu'il est souhaitable que les Etats-Unis s'impliquent d'avantage en Afrique à l'image de la Chine qui a toujours aidé "l'Afrique dans le respect, alors même que l'Occident le fait souvent dans des formes humiliantes et paternalistes".
La rencontre entre Barack Obama et Xi Jinping présage d'un lendemain meilleur des relations internationales, de la paix et du développement dans le monde et en Afrique, ont conclu ces analystes maliens.