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Le rattrapage économique de la Chine, jeu à somme nulle ou gâteau plus grand pour les USA?

Xinhua | 05.10.2015 10h33

De la promotion de l'énergie propre au développement de l'énergie nucléaire de quatrième génération en passant par l'achat de 300 Boeing et l'ouverture des usines Boeing en Chine, sans oublier la coopération avec les géants du Net et l'augmentation des investissements aux Etats-Unis, la Chine approfondit aujourd'hui ses liens économiques et commerciaux avec les Etats-Unis, comme en témoigne le grand nombre d'accords commerciaux conclus lors de la récente visite du président chinois Xi Jinping aux Etats-Unis : tout cela prouve que l'économie chinoise est plus une vraie bénédiction qu'une menace pour les Etats-Unis.

UNE COMPLEMENTARITE ECONOMIQUE CROISSANTE

"Il existe une forte complémentarité économique entre la Chine et les Etats-Unis en raison de leurs stades de développement différents. Et il existe davantage d'espace pour une coopération économique et commerciale et plus d'opportunités", a déclaré M. Xi le 23 septembre dernier lors d'un forum d'entrepreneurs chinois et américains, indiquant que la coopération économique sino-américaine s'améliorait et se développait dans de nouveaux domaines.

La coopération dans le secteur de l'énergie est l'une des plus notables parmi les accords signés lors de la visite de M. Xi, qui a notamment assisté à la signature d'un accord sur l'énergie propre et le changement climatique. Tout aussi notable est l'accord sur le nucléaire de quatrième génération signé avec TerraPower, une société fondée par Bill Gates qui travaille sur un projet de réacteur à neutrons rapides.

Des succès ont également été enregistrés dans l'aéronautique et Internet. L'événement le plus remarquable est l'annonce par Boeing de 300 commandes et engagements d'entreprises chinoises lors de la visite de M. Xi à son usine de Seattle, ainsi que l'ouverture en Chine d'une usine de finition de moyen-courriers 377 avec l'avionneur COMAC. La Chine est le plus grand marché international de Boeing.

Tandis que Microsoft, qui a une histoire de 20 ans de développement en Chine, a signé plusieurs accords de coopération avec des sociétés chinoises telles que Baidu, Cisco va investir 100 millions de dollars pour établir une joint-venture en Chine avec le groupe Inspur. Didi Taxi a signé des accords de coopération stratégique avec son homologue américain Lyft et avec LinkedIn, la plus grande plateforme sociale professionnelle dans le monde.

Mei Xinyu, expert en coopération économique et en commerce international au ministère chinois du Commerce, pense que les secteurs de l'Internet et de l'énergie représentent la nouvelle tendance de cette complémentarité économique sino-américaine.

Selon M. Mei, les Etats-Unis vont bientôt devenir un exportateur net de pétrole et de gaz naturel, tandis que la Chine va devenir le plus grand importateur de l'énergie au monde. Dans un tel contexte, la coopération bilatérale aura un impact profond sur le marché mondial de l'énergie.

Début 2015, Joseph Stiglitz, économiste américain et lauréat du prix Nobel d'économie, a écrit dans Vanity Fair un article intitulé "Le siècle chinois" dans lequel il estime que la croissance économique de la Chine est complémentaire avec celle des Etats-Unis et non pas exclusive, conduisant à une plus grande consommation des produits américains et apportant la prospérité au pays.

L'ancien secrétaire au Trésor américain Henry Paulson a récemment écrit dans le Washington Post que de l'industrie agroalimentaire jusqu'aux équipements médicaux, les économies américaine et chinoise sont de plus en plus complémentaires.

TOUT LE MONDE Y GAGNE

Comme le président Xi l'a redit lors de sa visite aux Etats-Unis, les relations économiques et commerciales sino-américaines sont mutuellement bénéfiques, ce que confirme l'interdépendance croissante des deux plus grandes économies de la planète.

La Chine et les Etats-Unis sont devenus le deuxième partenaire commercial l'un de l'autre, tandis que la Chine est également devenue le marché à l'exportation le plus dynamique de l'Amérique. Selon un rapport du Conseil sino-américain pour les affaires (CBC), les exportations américaines vers la Chine ont bondi de 255% avec un taux de croissance annuel en moyenne de 15,1% ces dix dernières années.

Par ailleurs, 42 Etats américains sur 50 citent la Chine parmi leurs trois principaux marchés à l'exportation, ce qui indique que le marché chinois joue un rôle de plus en plus important dans la croissance économique et la création d'emplois aux Etats-Unis.

En matière d'investissements, on est passé d'un flux en sens unique (Etats-Unis vers Chine) à un flux dans les deux sens. La Chine est ainsi devenue l'une des sources d'investissements directs étrangers qui augmentent le plus rapidement aux Etats-Unis.

Selon le ministère américain du Commerce, le taux de croissance annuel moyen des investissements directs de la Chine aux Etats-Unis a atteint environ 41% entre 2009 et 2013. Actuellement, la Chine et les Etats-Unis sont en train de négocier un traité d'investissement bilatéral qui, une fois conclu, donnera davantage d'opportunités aux entreprises des deux pays.

Des groupes de réflexion des deux côtés du Pacifique suggèrent également que la Chine et les Etats-Unis devraient étudier la faisabilité d'un accord de commerce bilatéral, qui présente un potentiel énorme et ouvrirait de grandes perspectives de coopération économique et commerciale.

Un autre exemple classique de cette forte interdépendance économique sino-américaine est que la Chine est déjà devenue une force importante en matière de création d'emplois aux Etats-Unis.

Selon un rapport publié conjointement par le Comité national sur les relations américano-chinoises et le cabinet-conseil Rhodium Group, le total des investissements directs de la Chine aux Etats-Unis a atteint ces 15 dernières années 46 milliards de dollars, avec plus de 80.000 emplois américains créés à ce jour.

Aujourd'hui, les Etats-Unis sont devenus la troisième destination des investissements directs de la Chine à l'étranger. Et ceux-ci n'en sont qu'à leurs débuts : on prévoit qu'ils atteindront entre 100 et 200 milliards de dollars d'ici 2020 si les perspectives de croissance se maintiennent.

MUTUELLEMENT BENEFIQUE

Récemment, le monde a pu suivre de près des sujets d'importances comme la réforme des quotas et de la gouvernance du Fonds monétaire international (FMI), la création de la Nouvelle banque de développement des BRICS, de la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures (BAII) et l'initiative chinoise "une Ceinture et une Route".

Ces trois dernières, proposées par la Chine, n'ont pas l'intention de remplacer les mécanismes de coopération régionale existants, mais sont plutôt des compléments bénéfiques à l'ordre économique mondial actuel et des recherches utiles visant à améliorer la gouvernance économique mondiale.

Par exemple, la Chine et les Etats-Unis sont parvenus fin 2014, après plusieurs séries de consultations, à un consensus sur l'élargissement de la portée de leur accord sur les technologies de l'information (ITA), ce qui contribuera à la promotion du commerce mondial et au développement du secteur des technologies de l'information, augmentant ainsi la confiance du public dans le système de commerce multilatéral.

A l'heure actuelle, alors que les Etats-Unis ont ouvert la voie avec les négociations sur le Partenariat Trans-Pacifique (TPP), la Chine et les pays d'Asie du Sud promeuvent conjointement les négociations sur le Partenariat économique régional global (RCEP).

Bien qu'il existe d'énormes différences dans le contenu des projets et parmi les membres participant aux deux négociations, tous partagent le même objectif qui est de construire une zone de libre-échange dans la région Asie-Pacifique qui conduira enfin à la libéralisation du commerce.

Cela signifie que la Chine et les Etats-Unis peuvent coopérer pour trouver un moyen d'intégrer le TPP et le RCEP au sein d'une zone de libre-échange Asie-Pacifique qui permettra d'éviter des régulations différentes et un marché fragmenté.

Fred Bergsten, chercheur à l'Institut Peterson d'économie internationale, pense qu'en fin de compte, la Chine, les Etats-Unis et le Japon, les trois plus grandes économies du monde, feront toutes partie d'une grande zone de libre-échange Asie-Pacifique, car aucun accord commercial régional ne sera complet ou réussi sans la participation de ces trois nations.

Partant de ce postulat, il estime que les Etats-Unis et le Japon finiront par rejoindre la BAII.

"Les relations économiques sino-américaines sont mutuellement bénéfiques, ce n'est pas un jeu à somme nulle", assure Li Shengjiao, haut diplomate chinois et chroniqueur au Huffington Post, ajoutant que la prospérité de la Chine ne se faisait pas au détriment des Etats-Unis.

"Au contraire, l'essor d'une Chine prospère est dans l'intérêt de l'Amérique et du monde, comme l'a dit M. Obama lui-même", note-t-il.

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Yin GAO)
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