Dernière mise à jour à 08h31 le 28/10
Dans environ dix ans, 6 millions de foyers britanniques seront approvisionnés en électricité par Hinkley Point C, première centrale nucléaire construite sur le sol britannique en plus de deux décennies.
Ce mégaprojet, dans lequel un consortium chinois détient une participation de 33,5% suite à un accord signé à Londres en présence du président chinois Xi Jinping et du Premier ministre britannique David Cameron, incarne la coopération étroite entre les deux pays dans le secteur énergétique.
Il s'agit d'un nouvel exemple de la coopération énergétique sino-britannique, toujours plus profonde et plus diversifiée, qui se caractérise par une hausse de la part des ressources d'énergie propre et qui concrétise la volonté partagée des deux pays de lutter contre la menace commune du changement climatique.
UN PROJET PHARE HISTORIQUE
Située dans le sud-ouest de l'Angleterre avec un coût de construction estimé à 18 milliards de livres (environ 28 milliards de dollars), la centrale Hinkley Point C devrait commencer à fonctionner en 2025 avec une capacité totale de 3,3 gigawatts, et deviendra ainsi la centrale avec le plus grand rendement du Royaume-Uni.
Xi Jinping a salué ce projet phare de la coopération sino-britannique, qualifié d'"historique" par David Cameron. Il s'agit de la première fois que des entreprises chinoises participent à des projets nucléaires civils en Europe.
Les deux pays devraient bénéficier de cet accord. Pour la Chine, cela libère le potentiel de ses entreprises pour jouer un rôle plus important dans le marché énergétique britannique et exporter les technologies et équipements nucléaires chinois dans d'autres parties du monde. Pour le Royaume-Uni, cela signifie un rajeunissement de son système d'énergie nucléaire vétuste avec des investissements chinois, - ainsi que plus d'emplois.
Vincent de Rivaz, PDG d'EDF Energy, affiliation britannique du géant énergétique français EDF et associé principal dans le projet Hinkley Point C, a noté que cet accord marque le "plus grand investissement étranger dans l'histoire britannique", avec la création d'environ 25.000 emplois durant la construction de l'usine.
"Je reconnais que bon nombre de personnes ne sont pas persuadées que ce soit une bonne chose", a-t-il indiqué, se déclarant toutefois convaincu que ce projet est une "opportunité industrielle avec des avantages qui dépassent de loin une unique centrale nucléaire à Somerset".
UNE COOPÉRATION ÉNERGÉTIQUE DIVERSIFIÉE
La coopération nucléaire, parallèlement, n'est pas la seule composante de la coopération énergétique bilatérale. En accord avec la tendance mondiale de la lutte contre les émissions de polluants et du développement à faible émission de carbone, Beijing et Londres concentrent également leur coopération énergétique vers les ressources propres et renouvelables.
Ces dernières années, les deux parties ont signé d'importants accords d'affaires sur le gaz naturel, ont mené une coopération fructueuse dans les énergies solaire et éolienne, et ont été des pionniers dans l'exploration de l'énergie marémotrice.
Parmi les contrats d'affaires signés lors de la récente visite d'Etat de M. Xi au Royaume-Uni figure un accord d'approvisionnement de gaz naturel liquéfié (GNL) de plusieurs milliards de dollars entre le géant pétrolier britannique BP et Huadian, plus grand producteur chinois d'électricité au gaz.
En juin, China Harbor Engineering Company (CHEC) a remporté un contrat de 460 millions de dollars pour construire la première centrale marémotrice du monde dans la baie de Swansea, au Royaume-Uni, qui devrait fournir de l'électricité pour 120.000 foyers.
En décembre 2014, la China General Nuclear (CGN), société qui dirige le consortium chinois dans le projet Hinkley Point C, a acquis une participation de 80% dans trois parcs éoliens terrestres d'EDF.
En juin 2014, lors de la visite du Premier ministre chinois Li Keqiang au Royaume-Uni, BP a signé avec le géant pétrolier chinois CNOOC un contrat d'approvisionnement de GNL d'une valeur de 20 milliards de dollars, selon lequel BP fournira jusqu'à 1,5 million de tonnes de GNL par an pendant 20 ans à partir de 2019.
En avril 2014, une centrale solaire de 12 mégawatts financée et construite par la société chinoise Avic International a été livrée à la partie britannique. La centrale solaire Spriggs a été raccordée au réseau depuis mars et sa production quotidienne en été peut satisfaire les besoins en électricité de 2.500 foyers.
Selon un récent rapport publié par Pinsent Masons, cabinet d'avocats international basé à Londres, avec l'afflux d'investissements chinois dans les infrastructures au Royaume-Uni, le secteur de l'énergie en sera le plus grand bénéficiaire, en particulier les énergies nucléaire, éolienne et solaire.
VERS UN AVENIR PLUS VERT
Alors qu'ils continuent d'avancer dans leur coopération énergétique fructueuse, les hauts dirigeants chinois et britanniques sont bien conscients des défis posés par le changement climatique.
À plusieurs reprises lors de sa visite au Royaume-Uni, M. Xi a grandement salué les accomplissements réalisés par les deux pays dans leur quête de développement vert et a appelé à la poursuite des efforts dans la coordination des politiques et la coopération pratique.
Nouveau signe de leurs efforts déterminés dans la lutte contre le changement climatique, les deux pays ont signé lors de la visite de M. Xi un protocole d'entente concernant le partenariat bilatéral sur l'énergie propre.
Par ailleurs, dans une déclaration phare sur la construction d'un "partenariat stratégique global mondial pour le XXIe siècle", les deux pays ont fixé plusieurs domaines clés de coopération bilatérale, dont la lutte contre le changement climatique.
Force est de constater que la Chine et le Royaume-Uni ont de grandes motivations économiques et une forte volonté politique afin d'entrer dans un avenir plus vert pour eux-mêmes et pour le monde entier.