Dernière mise à jour à 08h31 le 28/10
Les eurodéputés, réunis en session plénière à Strasbourg, se sont affrontés mardi lors d'un vif et long débat consacré à l'examen des mesures décidées pendant le mini-sommet organisé par la Commission européenne (CE) , dimanche à Bruxelles, pour faire face à l'arrivée massive de réfugiés sur la route des Balkans occidentaux.
Devant un hémicycle bruyant et parfois indiscipliné, le président de la CE Jean-Claude Juncker et le président du Conseil européen Donald Tusk se sont efforcés mardi matin de convaincre les parlementaires des progrès réalisés par l'Union européenne (UE) en matière de politique migratoire.
"Le mini-sommet de dimanche que j'ai convoqué a permis un débat honnête, parfois tendu, a marqué un jour d'unité et a débouché sur des engagements", a affirmé M. Juncker lors de l'ouverture du débat, tout en soulignant qu'une telle réunion "n'aurait pas dû être nécessaire" pour permettre la mise en œuvre des conclusions du sommet européen du 15 octobre.
"Un sommet positif", a lui aussi plaidé le Commissaire aux migrations et aux affaires intérieures, Dimitris Avramopoulos, qui a néanmoins été contraint de concéder qu'"il n'y a pas encore de véritable esprit de coopération européenne. "Nous ne pouvons pas nous permettre un autre échec. Cette crise est un test de crédibilité pour nos valeurs et doit être un catalyseur pour aller vers plus d'Europe", a-t-il asséné.
Enième rencontre au sommet, la réunion de dimanche à Bruxelles a rassemblé les représentants de dix Etats membres de l'UE (Autriche, Bulgarie, Croatie, Allemagne, Grèce, Hongrie, Roumanie, Pays-Bas, Slovénie, Suède) mais aussi de la Macédoine, de l'Albanie et de la Serbie, du Luxembourg - qui assure la présidence tournante de l'UE - de l'agence européenne de surveillance pour l'asile EASO ainsi que le Haut Commissaire de l'ONU pour les réfugiés Antonio Guterres.
"Chaque jour compte", a une nouvelle fois lancé à l'adresse des parlementaires le président Juncker tandis que dans les Balkans où, selon l'ONU, sont arrivés plus de 500 000 migrants, majoritairement originaires du Moyen-Orient.
La création, annoncée à l'issue du mini-sommet de dimanche, de 100 000 places d'accueil pour les réfugiés en Grèce et dans les Balkans, n'en a pas pour autant été accueillie avec un grand enthousiasme dans les rangs du Parlement européen (PE).
Entre les eurosceptiques qui ne manquent pas une occasion pour faire de la crise migratoire le symbole de la faillite de l'UE, et les pro-européens qui observent, dépités, l'absence de politique migratoire commune et la "militarisation des frontières extérieures de l'UE", le Parlement a étalé des divisions qui vont croissantes.
"La crise des réfugiés n'est pas un concours entre les groupes politiques du Parlement européen! Les populistes veulent utiliser la crise migratoire pour détruire l'Europe", s'est emporté, au nom de l'Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe (ALDE), Guy Verhofstadt. "Le Conseil européen de décembre doit prendre des décisions sur les frontières communes et les traduire sur le plan budgétaire afin de mettre en place de véritables garde-frontière multinationaux", a-t-il ajouté.
La déclaration commune adoptée dimanche prévoit 17 mesures destinées à "restaurer l'ordre" aux frontières de l'UE, "ralentir le flux incontrôlé de personnes" et "décourager le mouvement des réfugiés ou des migrants vers une frontière d'un autre pays de la région". Près de 400 policiers devraient être envoyés pour assister la Slovénie, petit pays de deux millions d'habitants où sont entrés 60 000 migrants depuis mi-octobre, devenu une nouvelle zone de transit depuis que la Hongrie, notamment, a fermé ses frontières extérieures à l'UE.
Dans une interview publiée dimanche par le quotidien populaire allemand Bild, le président de la CE a d'ailleurs appelé les pays des Balkans à rompre avec la "politique du laisser-passer".
Un discours qui n'en est pas du goût de certains parlementaires, à l'instar du leader de la gauche radicale espagnole Podemos, Pablo Iglesias qui n'a pas hésité à interpeller frontalement Jean-Claude Juncker et condamné vertement les "larmes de crocodile" versées pendant le débat alors que "l'humiliation et la misère des réfugiés se poursuivent".
A l'approche du sommet international de La Valette sur la migration qui doit se tenir à Malte les 11 et 12 novembre, le président de la CE n'a pu qu'appeler les dirigeants européens à arrêter de s'accuser mutuellement et à respecter leurs engagements, pas seulement moraux mais aussi financiers. "Face à ses amis africains, l'UE doit être au rendez-vous, les poches remplies, non seulement de promesses mais aussi d'engagements", a-t-il déclaré.