Dernière mise à jour à 08h48 le 21/10
La visite d'Etat du président chinois Xi Jinping en Grande-Bretagne est, depuis la prise de fonction du président chinois, sa quatrième visite diplomatique « de style ponctuel » dans un seul pays.
Les trois premières visites de ce style du Président Xi ont toutes eu lieu l'année dernière, quand il s'est rendu en Russie, en Corée du Sud et en Mongolie. Entre le 6 et le 8 février 2014, Xi Jinping, lors de sa visite en Russie, a assisté à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques d'hiver de Sotchi de même qu'à 12 activités bilatérales et multilatérales. Selon le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, ce genre de visites « de style ponctuel » de Xi Jinping, courtes, équitables et rapides, a joué un rôle de pionnier dans la présence du chef de l'État chinois à des événements sportifs internationaux de grande ampleur à l'étranger. Depuis lors, Xi Jinping s'est également rendu en Corée du Sud et en Mongolie en juillet et août pour des visites d'Etat.
La Russie, la Corée du Sud et la Mongolie sont des pays voisins de la Chine, et les déplacements uniques de Xi Jinping dans ces trois pays peuvent être considérés comme des « visites à des amis et parents », des « invitations chez les voisins », qui reflètent la grande importance que la Chine attache à la diplomatie de proximité. En revanche, pour les pays européens situés au loin, les dirigeants chinois s'y rendent généralement en combinant leur visite à une conférence internationale multilatérale, et vont simultanément dans plusieurs pays pour améliorer l'efficacité de ces déplacements. Beijing et Londres sont séparées par huit fuseaux horaires et plus de 8 000 km. Le choix de Xi Jinping d'aller en Grande-Bretagne seulement, et pour pas moins de cinq jours, témoigne de l'importance que la Chine attache à cette puissance centrale de l'UE qu'est le Royaume-Uni.
Pourquoi cette visite « de style ponctuel » en Grande-Bretagne ? Le développement rapide des relations sino-britannique apporte la réponse.
Ces dix dernières années, la Grande-Bretagne a été à l'origine, dans sa coopération avec la Chine, de plusieurs « premières occidentales » : le Royaume-Uni a pris la position de leader parmi les puissances occidentales pour rejoindre la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures, il a été le premier des pays développés à émettre des obligations souveraines en RMB, le premier à avoir mis en place un centre de compensation en RMB en dehors de la Chine dans la zone Asie, il a soutenu l'entrée du RMB dans le panier de devises des droits de tirage spéciaux du FMI… le journal britannique « Financial Times » a également souligné que les Britanniques, malgré l'opposition américaine, ont été à l'avant-garde des adhésions à la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures, ouvrant la voie à l'entrée des autres pays occidentaux dans la banque. C'est sûrement le plus gros coup de pouce donné aux relations sino-britanniques.
(Des piétons passent devant la succursale londonienne de la Banque de Chine, située en plein cœur de la City de Londres. Source : le Quotidien du Peuple)
Pourquoi cette visite « de style ponctuel » en Grande-Bretagne ? Les brillantes perspectives de développement des relations sino-britanniques apportent la réponse.
Dans une interview accordée à Reuters avant sa visite, Xi Jinping a dit qu'il avait hâte de travailler avec les dirigeants britanniques et amis de différents milieux pour planifier conjointement le développement futur des relations bilatérales, tracer une feuille de route pour la prochaine période des relations sino-britanniques, insuffler un nouvel élan à la coopération pragmatique dans divers domaines, et ouvrir ensemble « l'âge d'or » du partenariat stratégique global sino-britannique.
La Grande-Bretagne a longtemps entretenu une relation spéciale avec les Etats-Unis, mais depuis quelque temps, comme l'a souligné le chancelier de l'Echiquier britannique George Osborne, la Grande-Bretagne « se tourne vers la Chine ». Les médias britanniques estiment que le voyage de Xi Jinping au Royaume-Uni Bretagne marque fondamentalement un recalibrage des relations entre grandes puissances. M. Liam Byrnes, un parlementaire-britannique, a écrit il y a deux ans un livre sur l'avenir des relations sino-britanniques, dont le titre est « Turning to Face the East » (« Tourner et regarder vers l'Orient »). Il y a souligné que cette théorie est à présent devenue une réalité, et que les dirigeants britanniques se tournent vers l'Orient, tandis que la visite du président Xi Jinping permettra d'accélérer le processus. La Chine et la Grande-Bretagne vont se donner la main pour créer un avenir meilleur.
(Le Chinatown de Londres décoré de drapeaux chinois et britanniques, symbole des souhaits de chaleureuse bienvenue au Royaume-Uni des Chinois d'outre-mer au Président Xi Jinping. Source : le Quotidien du Peuple)
Pourquoi cette visite « de style ponctuel » en Grande-Bretagne ? L'impact positif des relations sino-britanniques sur les relations Chine-UE donne la réponse.
Cette année marque le 40e anniversaire des relations diplomatiques Chine-UE ; les relations Chine-UE sont entrées dans une nouvelle période, marquée par une assimilation du passé pour aller vers l'avenir, la maturité et la stabilité et un développement vigoureux. En 2014, Xi Jinping s'est rendu en Allemagne, en France et d'autres pays européens, ce qui a permis d'expliquer en profondeur le système de positions et de propositions de la Chine sur la diplomatie européenne, d'indiquer la direction stratégique des quatre grands partenariats sino-européens pour la construction de la paix, de la croissance, de l'innovation et de la civilisation, améliorer la compréhension de la Chine par les Européens, et réduire la distance psychologique entre les pays européens et la Chine.
Selon le professeur Wolff, de l'Ecole de sciences humaines de l'Université de l'école de Bath, un développement sain des relations sino-britanniques, peut, dans le cadre global de l'Union européenne, jouer un rôle unique dans le développement des relations Chine-UE. Le Royaume-Uni est un membre important de l'UE, dont le rôle et la position sont uniques en Europe, mais il a aussi des relations amicales avec la Chine, ce qui va « mettre en évidence son rôle de lien et de pont ».
Eric de La Maisonneuve, président de l'association française Société de Stratégie, estime que cette visite au Royaume-Uni, qui suit celles en France et en Allemagne –et aussi celle plus récente encore aux États-Unis- lui permet d'achever une tournée du « monde occidental », et que ces pays, que ce soit en termes de développement économique ou de stratégie, sont très importants, aussi cette visite en Grande-Bretagne est-elle d'une grande signification.
Actuellement, les stratégies respectives de la Chine et de l'UE se rapprochent de façon constante, la Chine procède à un approfondissement global des réformes, elle s'apprête à mettre en œuvre son 13e Plan quinquennal, et l'Europe procède aussi, quant à elle, à la mise en œuvre de réformes structurelles. Au sein du processus de réforme que connaissent les deux côtés se trouvent une communauté d'intérêts et des perspectives de croissance de la coopération. Les Européens devraient être en mesure d'apprendre davantage de détails grâce au voyage de Xi Jinping en Grande-Bretagne, et avoir ainsi une connaissance plus précise de la signification des quatre partenariats Chine-UE.