Dernière mise à jour à 10h05 le 10/06
Les activités de construction de la Chine en mer de Chine méridionale sont un exercice de sa souveraineté sur les territoires qu'elle revendique, et la Chine est dans son droit en faisant cela, a déclaré lors d'une récente interview avec Xinhua Greg Austin, professeur à l'Université de Nouvelles-Galles du Sud à Canberra.
Alors que la Cour permanente d'arbitrage de La Haye rendra bientôt son verdict concernant le cas soulevé par les Philippines sur les disputes en mer de Chine méridionale, M. Austin a souligné que la Cour permanente ne pouvait créer une nouvelle loi.
"Tout ce que la cour va faire sera de reformuler ce que nous connaissons tous, à savoir le droit international commun, ou la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM)", a-t-il affirmé.
Le dossier en mer de Chine méridionale implique clairement deux différends bien distincts, l'un étant le différend maritime concernant les îles Nansha, et l'autre étant la dispute des droits maritimes qui est couverte par la CNUDM, dont la Chine fait partie des Etats signataires.
Ces deux différends sont "une combinaison très dangereuse", a déclaré le professeur australien.
"Il n'y a pas de solution aisée au sein du droit international lorsqu'une combinaison de deux différends existe. Alors que les Philippines sont bien dans leur droit en faisant usage de la CNUDM, cela ne répondra à aucune question de souveraineté territoriale, et la Cour permanente ne peut statuer et ne statuera pas sur la souveraineté territoriale".
Il a ajouté que la cour "ne peut pas et ne mettra pas en péril les intérêts de la Chine", car elle ne pourra rien trouver allant à l'encontre du droit international, et ne peut pas créer de nouvelle loi internationale.
"Tout ce que la cour va dire sera ce qui est écrit dans le droit international. Ce n'est pas comme si elle allait décider de tracer une ligne ici ou une autre ligne là. Cela ne sera qu'une reformulation du droit international que nous connaissons tous".
Si l'on s'en réfère à l'histoire, la Chine revendique les îles Nansha depuis très longtemps, selon M. Austin, qui étudie la diplomatie chinoise depuis 30 ans.
La Chine a construit des pistes d'atterrissage en mer de Chine méridionale. Mais elle n'est pas la première à faire cela. Le Vietnam et les Philippines ont tous les deux construit des pistes d'atterrissage militaires dans les îles Nansha.
C'est parce que la Chine a construit une piste d'atterrissage bien plus supérieure que les autres qu'elle a davantage attiré l'attention.
Malheureusement, les actions de la Chine en mer de Chine méridionale surviennent en même temps que la stratégie américaine de "rééquilibrage vers l'Asie".
"Je pense qu'il est juste de dire que ce n'est pas une bonne combinaison géopolitique. Il y a bel et bien un problème. Il est temps pour tous les pays de calmer les tensions (...) Je suis en faveur de tout ce qui pourra réduire les tensions" dans la région, a ajouté M. Austin.
Malgré les grandes différences entre la Chine et les Etats-Unis sur la question de la mer de Chine méridionale, M. Austin estime qu'il n'y aura pas de confrontation entre les deux pays.
"Le niveau de coopération entre les Etats-Unis et la Chine est immense, tandis que la dispute en mer de Chine méridionale est relativement plus réduite et plus localisée. Le futur de l'Asie de l'Est et du Pacifique repose dans une continuation et un approfondissement de cette coopération énorme dans le commerce, les échanges et les investissements. Nous devons trouver un moyen pour que cette affaire en mer de Chine méridionale n'affecte pas la situation globale".
M. Austin a déclaré que la Chine a fait preuve de grande flexibilité avec sa diplomatie, ce qui est aussi nécessaire pour résoudre la dispute en mer de Chine méridionale, et a dit s'attendre à ce que la question de la mer de Chine méridionale ne soit pas aussi brûlante dans deux ou trois ans.